C’est cette problématique qui est ciblée par le concept des « rues
complètes » (ou complete streets dans
la langue de Shakespeare). Il s’agit essentiellement d’une politique qui
requiert que les décideurs considèrent également les besoins des piétons,
cyclistes utilisateurs du transport en commun et automobilistes de tous âges
lors de la construction, la rénovation et l’entretien de toutes les rues et
routes sous leur juridiction. Le développement de rues complètes peut
contribuer à augmenter l’utilisation du transport actif tout en réduisant le
risque d’accidents routiers.
Le terme complete streets a
été utilisé pour la première fois aux États-Unis. La ville de Portland en
Oregon est la métropole Nord-Américaine où la part modale du vélo est la plus
élevée (environ 6%) et elle est aussi à l’avant-garde quant à l’implantation
des rues complètes. Cela dit, la transformation de Times Square en rue complète est un exemple plus frappant comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous.
Les rues
complètes Européennes…
Cependant, les États-Uniens ont seulement donné un nouveau nom à quelque
chose qui existe depuis longtemps en Europe… En effet, cette philosophie est
bien intégrée aux politiques de transport d’Europe du Nord depuis environ 40
ans. Le code de la route des Pays-Bas en est probablement l’exemple le plus éloquent.
Les mesures d’apaisement de la circulation sont implantées à l’échelle du
quartier et non à la pièce, de façon nébuleuse comme en Amérique du Nord. Les
infrastructures cyclables Néerlandaises sont réputées à travers le monde (Pucher
et Buehler, 2008), mais ce qui est moins connu c’est que le type d’aménagement
est déterminé de façon systématique, principalement en fonction du type de
route, des limites de vitesse et du nombre de voies dédiées aux automobilistes.
Ainsi, les ruelles peu passantes n’ont aucune infrastructure cyclable et
piétonnière, sauf que les limites de vitesse y sont très basses (15 km/h ou
moins) et les piétons et cyclistes ont souvent priorité sur les automobilistes.
J’ai déjà parlé de ces rues, appelées woonerf
en Néerlandais (et spielstrassen en
Allemand) sur ce billet. Quant aux rues avec des limites de vitesse de 30 km/h,
la présence de trottoirs et de bandes cyclables (voir d’accotements asphaltés)
peut être suffisante. Elles peuvent être accompagnées de mesures d’apaisement
de la circulation comme des « dos d’âne ». Par contre, des bandes
cyclables séparées du trafic (ou cycle
tracks un peu comme la « piste cyclable » de l’avenue Laurier à
Ottawa ou celle de la rue Berri à Montréal) sont généralement requises pour les
rues avec un volume de circulation et/ou une limite de vitesse plus élevées.
Les rues complètes peuvent se concrétiser de différentes manières. Par
exemple, lorsque je suis allé à Helsinki en Finlande, j’ai observé que dans la
plupart des rues du centre-ville, il y a de très larges trottoirs dont la
moitié est réservée au vélo et l’autre aux piétons, comme vous pouvez le
constater sur la photo ci-dessous. Et le centre de la rue est souvent consacré
au tramway électrique. Comme j’ai marché une bonne vingtaine de kilomètres par
jour lors de mon séjour, j’ai pu observer que les piétons et cyclistes y
cohabitent très bien ! Les infrastructures de la ville de Jyväskylä sont
également dignes de mention. Une particularité du code de la route Finlandais
est que les amendes sont proportionnelles au revenu des conducteurs fautifs,
une façon de faire en sorte que les mieux nantis ne se fichent pas des règles
de la circulation comme de l’an 40.
Ainsi, pour que les rues soient considérées comme étant complètes, il
n’est pas nécessaire de construire des pistes cyclables multifonctionnelles en
site propre partout. Le type d’aménagements devrait être déterminé en fonction
des caractéristiques des rues. Autrement dit, il s’agit d’une approche flexible
qui peut facilement être adaptée au contexte local. « Penser globalement, agir localement » comme dit le slogan bien
connu !
Les rues
complètes à Ottawa…
Il existe un certain nombre de rues complètes à Ottawa, mais comme je le
mentionnais précédemment, elles sont mises en place à la pièce, et non de façon
systématique. Pour remédier à cette situation, l’organisme Écologie Ottawa mène
présentement une campagne pour convaincre le maire Jim Watson et la ville d’Ottawa
d’adopter une politique sur les rues complètes. Vous pouvez obtenir davantage
de renseignement sur cette campagne sur ce site web ; vous pouvez également y
signer une pétition. L’objectif est d’obtenir plus de 5 000 signatures d’ici
le mois d’août 2013. Sachez qu’il s’agit d’un moment stratégique parce que la
ville est engagée dans un processus de mise à jour de ses politiques à long
terme en matière de transport.
Bref, comme dirait Columbo, « élémentaire mon cher Watson ! »…
Si vous êtes intéressés par le sujet, je vous recommande cet article paru sur le blogue Copenhagenize qui décrit les infrastructures cyclables Danoises en fonction du type de route et de la vitesse des véhicules: http://www.copenhagenize.com/2013/04/into-country.html
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