Tout porte à croire que le parti libéral du Québec s’est inspiré de la campagne du soi-disant « pétrole éthique » (sic) des conservateurs de Stephen Harper dont je vous ai parlé sur ce blogue il y a quelques semaines. En effet, pour tenter de faire accepter l’exploitation pétrolière et gazière dans le Golfe du Saint-Laurent, la Baie des Chaleurs et le PARC NATIONAL d’Anticosti, Jean Charest et ses acolytes ont produit ces deux vidéos de propagande.
Avertissement : pour tenter d’hypnotiser l’auditeur, les vidéos contiennent une voix féminine, des bruits d’oiseaux marins et de vagues. Il y a même des oiseaux qui volent au tour de la plate-forme pétrolière – comme s’ils accueillaient l’exploitation pétrolière dans la joie et l’allégresse.
La première vidéo traite de l’exploitation pétrolière dans le Golfe du Saint-Laurent en décrivant notamment les infrastructures qui pourraient y être installées, tout en minimisant bien entendu les impacts environnementaux. Pas un mot non plus sur les catastrophes pétrolières qui sont pourtant très fréquentes : Golfe du Mexique, Exxon Valdez, côtes de la Nouvelle-Zélande, etc. Pire encore, la vidéo prétend que « Une fois l'exploitation terminée, le site est restauré en respectant toutes les règles qui permettent d'assurer la sécurité des personnes, des biens et de l'environnement ». Un conte de fée, quoi? Pourtant, l’épreuve des faits démontre sans l’ombre d’un doute que les industries exploitent les ressources, maximisent leur profits et laissent aux contribuables le soin de payer pour la décontamination.
Quant à elle, la deuxième vidéo est encore plus sournoise. Elle décrit le processus de la soi-disant « évaluation environnementale stratégique » (stratégique comme dans stratégiquement biaisée !) Alors que la vidéo décrit l’évaluation pour les gaz de schiste comme un processus transparent visant à déterminer les « meilleures façon » d’exploiter ces gaz. Pourtant, les représentants de l’industrie sont majoritaires dans le comité responsable de ladite évaluation. C’est écrit dans le ciel qu’ils vont prêcher pour leur paroisse – d’où le « stratégiquement biaisée ». Comme si ce n'était pas suffisant, ils ont engagé des lobbyistes bien connus (Lucien Bouchard et André Boisclair notamment).
L’exploitation du pétrole et du gaz de schiste est en contradiction avec l’objectif de réduction de 20% des émissions de gaz à effets de serre pris par nul autre que le gouvernement Charest lors de la conférence de Copenhague sur les changements climatiques. D'autant plus que les objectifs du Protocole de Kyoto n'ont toujours pas été atteints (même si le Québec est moins pire que le reste du Canada a cet égard). Comme l’indique l’astrophysicien Hubert Reeves, le gaz de schiste, c’est du méthane. L’impact du méthane sur le réchauffement climatique (à concentration égale) est 25 fois plus important que celui du gaz carbonique (CO2). Tant que le gouvernement ne changera pas de stratégie énergétique, il continuera d'éloigner le Québec de ces objectifs (pourtant très modestes compte tenu de l'ampleur du problème).
Pour ajouter l’injure à l’insulte, la vidéo se conclut de la façon suivante : « Pour le gouvernement du Québec, il est primordial de tenir compte des préoccupations de la population. Une consultation publique accompagne donc la tenue de cette évaluation environnementale stratégique » (sic). On aura tout vu ! Si c’était vrai, le volumineux rapport de la firme Genivar qui a pointé du doigt plusieurs failles dans les connaissances relatives au Golfe du Saint-Laurent et les conséquences potentielles d’un déversement pétrolier n’aurait pas été dévoilé… le jour même de la consultation publique (afin de mettre la population devant le fait accompli). Le gouvernement nie également le conflit d'intérêt évident de la firme Genivar dans ce dossier.
En conclusion, les vidéos du gouvernement constituent une campagne de propagande visant à faire avaler la couleuvre de l’exploitation pétrolière et gazière à la population. J'ose au moins espérer que seuls les gens très crédules se feront berner par ces vidéos qui font fi des problèmes causés par cette industrie avide de profits.
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