samedi 14 mai 2011

Changer de direction : Pour un Québec libéré du pétrole en 2030

En 2008, le Québec consommait à lui seul 17,6 milliards de litres de pétrole. De 1990 à 2008, la proportion des émissions de gaz à effets de serre (GES) attribuable au transport est passée de 29% à 43,3%. D’ailleurs, le premier rapport du Commissaire au développement durable du Québec, Harvey Mead, a déboulonné le mythe du Québec vert[i] en révélant que l’empreinte écologique[ii] des Québécois équivaut à 6 hectares alors que la planète ne peut supporter que 1,8 hectares par habitant Autrement dit, plus de 3 planètes Terre seraient nécessaire pour maintenir notre niveau de consommation si celui-ci était généralisé à l’ensemble de la planète ! En combinant ces données, on peut estimer que l’empreinte écologique du secteur des transports est, à elle seule, supérieure à celle que la planète peut supporter, soit environ 2,6 hectares.

Il va donc de soi qu’afin de parvenir à une réduction importante de ses émissions de GES, le Québec doit cibler le secteur du transport. C’est dans cet objectif que les organismes Équiterre et Vivre en Ville ont publié le rapport intitulé Changer de direction : Pour un Québec libéré du pétrole en 2030Le plan d’action proposé vise une diminution de 60% de la consommation de pétrole dans le secteur du transport des personnes d’ici 2030. Ils estiment que ce plan permettrait une économie de 4,2 milliards de litres de pétrole par année (soit 6,09 milliards de dollars avec l’essence à 1,45$ le litre) et une diminution de 9,8 millions de tonnes des émissions de GES. C’est sans compter les économies en santé publique…

Le plan d’action est constitué des trois objectifs principaux suivants :
1)      Diminuer les besoins en déplacements motorisés et leur distance.
2)      Augmenter la part modale des transports alternatifs
3)      Améliorer l’efficacité des transports motorisés, notamment au niveau de la performance des véhicules et des carburants.

Objectif 1 : L’étalement urbain est sans doute une des principales raisons pour laquelle les émissions de GES associées au transport ont augmenté de façon aussi importante en une seule génération. Depuis 1971, la superficie des banlieues a augmenté de 261% entraînant par le fait même une augmentation de la distance moyenne parcourue et du temps consacré aux déplacements motorisés. Pour diminuer l’utilisation de l’automobile, il apparaît donc impératif de modifier les politiques gouvernant l’aménagement du territoire. Le plan d’action propose également de cesser de subventionner le développement urbain axé sur les autoroutes, ce qui permettrait d’éviter le phénomène de trafic induit dont j’ai discuté dans un billet précédent 

Le plan d’action propose également d’augmenter le soutien aux municipalités afin de favoriser la densification. En augmentant la densité, il est possible de réduire la distance entre la maison et les lieux de travail (et les écoles) et ainsi rendre plus attrayants les transports alternatifs. Cette stratégie serait d’autant plus efficace si on augmentait également la mixité du zonage pour faire en sorte qu’une plus grande variété de destinations soient accessibles à pieds et à vélo.

Objectif 2 : Bien entendu, les propositions concernant l’augmentation de la part modale des transports alternatifs sont cohérentes avec celles proposées sur ce blogue. Elles incluent notamment des investissements massifs dans les réseaux de transport collectif (autobus, train, auto-partage) et les infrastructures piétonnières et cyclables. Pour rendre le transport en commun plus attrayant, il conviendrait d’instaurer davantage de voies réservées aux autobus et d’augmenter leur fréquence de passage. Le soutien aux initiatives de vélo-partage comme les BIXI est également mentionné. D’autre part, le plan d’action propose diverses mesures pour augmenter le coût associé à l’utilisation de l’automobile (ex : taxe sur l’essence, péage). Enfin, pour atteindre cet objectif, il est essentiel de sensibiliser la population au sujet des transports alternatifs.

À titre informatif, le graphique ci-dessous illustre la répartition des déplacements d’après le recensement de 2006. Il y a un potentiel d’amélioration évident, surtout que dans la région métropolitaine de Montréal, pas moins de 55% des déplacements de 1,6 km et moins sont motorisés.



Objectif 3 : Pour améliorer l’efficacité des transports motorisés, le plan d’action propose notamment d’électrifier les réseaux de transport collectif. J’ai récemment pu constater que, tout comme plusieurs pays européens, la Finlande est largement en avance sur le Québec à cet égard : le réseau ferroviaire est déjà électrifié, tout comme le tramway d’Helsinki. D’ailleurs, à Vancouver, une bonne partie du réseau d’autobus est déjà électrifié.

Les autres mesures proposées incluent notamment des normes plus sévères quant à la teneur en carbone des carburants et aux émissions des véhicules neufs. À ce sujet, le Québec a tout intérêt à faire front commun avec certains états comme la Californie. Un système de bonus-malus pour encourager l’achat de véhicules électriques et hybrides et décourager l’achat de véhicules énergivores est également proposé.


[i] Transparence : le rapport Mead n’est plus accessible sur le site du gouvernement du Québec, c’est pourquoi je cite un article de Radio-Canada où l’on constate « curieusement » que ce rapport n’a pas plu au gouvernement Charest…
[ii] Pour plus de détails concernant le concept d’empreinte écologique et la façon de la mesurer, je vous conseille le site web suivant comme point de départ : http://fr.ekopedia.org/Empreinte_%C3%A9cologique

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