mardi 30 novembre 2010

Montréal souffle le chaud et le froid… comme plusieurs autres villes québécoises

Dans le nouveau budget municipal de la ville de Montréal, les automobilistes devront payer une taxe d'un montant maximal de 50$ par véhicule. C’est une mesure que je salue parce que, comme je l’ai mentionné dans un billet précédent, le fait d’augmenter le coût d’utilisation de l’automobile peut permettre d’augmenter l’utilisation des modes de transport alternatifs.

Cependant, je doute très fortement que la stratégie du maire Tremblay sera efficace parce que le prix de la Société de Transport de Montréal (STM) vont aussi être augmentés considérablement. L’augmentation moyenne de 4% sera probablement deux fois supérieure à celle de l’inflation, ce qui signifie carrément un appauvrissement des clients de la STM. Autrement dit, au lieu d’employer la stratégie de la carotte et du bâton, Montréal puni également les gens qui prennent l’autobus, le métro et le train de banlieue. Dans un tel contexte, prétendre que la nouvelle taxe sur les voitures encouragera le transport en commun, c’est de l’hypocrisie.

Pourtant, Le Devoir du samedi 27 novembre dernier nous apprenait que les investissements dans le transport en commun génèrent 3 fois plus de retombées économiques que les investissements dans l’industrie automobile. En plus, ces données proviennent d’une étude de la très conservatrice chambre de commerce… Les commerçants étaient d'ailleurs très réfractaires à ce qu'un tronçon de la rue Sainte-Catherine soit dédiée uniquement aux piétons, mais maintenant, la plupart d'entre eux ont changé leur fusil d'épaule.

Or, Montréal n’est pas la seule ville québécoise qui souffle le chaud et le froid en matière de transport alternatif. Fortement influencé par les radio-poubelles de la capitale nationale, le maire Régis Labeaume semble vouloir repousser aux calendes grecques l'idée d’offrir une voie réservée aux autobus sur l’autoroute Robert-Bourassa Pourtant, il souhaite toujours implanter un tramway.

Sur la page d'accueil du site web de la Société de Transport de l’Outaouais (STO), j’ai trouvé très paradoxal qu’une manchette « Un réseau de transport en commun toujours plus accessible ! » (sic) soit placée immédiatement au-dessus de deux autres manchettes annonçant des hausses de tarif de 2,7% pour l’année 2011. De plus, sur les autobus de la STO, on peut voir plusieurs publicités de voitures ! C’est comme si McDonald’s faisait une publicité pour… Burger King ! Cela dit, rendons à César ce qui lui revient, la ville de Gatineau construit présentement un couloir est-ouest de 16 kilomètres qui sera dédié uniquement aux autobus (un peu comme le Transitway à Ottawa, mais avec une piste cyclable linéaire en plus) qui comblera une lacune importante de son système de transport.

Du côté de Trois-Rivières, le maire Yves Lévesque (aucun lien de parenté avec René) est le premier à s’envoyer des fleurs à toutes les fois qu’il investit dans le réseau cyclable. Un tronçon dangereux de la route verte dans le secteur Pointe-du-Lac a enfin été arrangé cet été. Par contre, je crois qu’il pourrait aussi s’envoyer le pot pour avoir augmenté la limite de vitesse dans les zones scolaires en prétendant que, de toute façon, les gens ne respectent pas les limites (donc, s’il était cohérant, il aurait dit qu’au lieu de rouler à 50 km/h dans une zone de 30, ils rouleront à 60 dans une zone de 40). Le maire Lévesque est lui-même reconnu pour ses grands excès de vitesse et pour lire son journal en conduisant, une fâcheuse habitude qui lui a déjà fait emboutir un panneau d’arrêt.

En somme, les grandes villes du Québec soufflent le chaud et le froid en matière de transport alternatif. Montréal demeure la ville canadienne ou la proportion d’adultes qui font l’ensemble de leurs déplacements quotidiens au volant est la plus « faible » au  Canada (Turcotte, 2008), mais à 65%, il y a encore énormément de travail à faire. Un peu plus de cohérence dans les politiques municipales ne nuirait certainement pas…

Références

Turcotte, M. (2008). Dépendance à l'automobile dans les quartiers urbains. Tendances Sociales Canadiennes, 1, 21-32.

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