Les activités sédentaires sont légion dans notre société (télévision,
ordinateurs, jeux vidéo, téléphones soi-disant intelligents, transport
motorisé, travail de bureau, etc.). Par exemple, d’après les résultats de l’Enquête Canadienne sur les Mesures de Santé, les Canadiens accumulent, en moyenne,
environ 9 heures d’activités physiques par jour (Colley et al., 2011a, b).
Jusqu’à tout récemment, le comportement sédentaire était considéré tout
simplement comme l’inverse de l’activité physique. Autrement dit, les gens qui
n’atteignaient pas les recommandations quant à la pratique d’activités
physiques étaient considérés comme étant « sédentaires ».
Cependant, comme je l’ai indiqué dans un billet précédent, une personne
peut être à la fois active (en accumulant plus de 30 minutes d’activité
physique d’intensité moyenne à élevée par jour) et très sédentaire (en
s’adonnant à des activités sédentaires plusieurs heures par jour). De plus,
l’activité physique et le comportement sédentaire affectent la santé par des
mécanismes physiologiques différents.
Ils peuvent néanmoins être représentés sur un continuum, tel qu’illustré
ci-dessous, en fonction de la dépense énergétique en termes d’équivalents
métaboliques (ou METs[i]).
Par définition, le métabolisme de repos équivaut à 1 METs, et une activité de
moins de 1,5 METs est dite « sédentaire ». Une activité de 1,5 à 3
METs est dite d’intensité faible (ex : se tenir debout). De 3 à 6 METs, on
parle d’intensité moyenne (ex : la marche) tandis qu’au-delà de 6 METs on
parle d’intensité élevée (ex : la course à pieds).
Figure 1. Le
continuum de mouvement (Tremblay et al., 2010)
Impacts du
comportement sédentaire
Plus tôt cet automne, nous avons publié une revue systématique de 232
études portant sur les impacts du comportement sédentaire auxquelles ont
participé un total de 983 840 enfants et adolescents dans la revue International Journal of Behavioral
Nutrition and Physical Activity (Tremblay et al., 2011). Cet article est
disponible gratuitement en cliquant ici.
Nous avons observé que les jeunes qui écoutaient la télé pendant plus de
2 heures par jour étaient plus susceptibles de faire de l’embonpoint ou d’être
obèses, d’avoir une faible capacité cardiovasculaire, d’avoir une plus faible
estime de soi, de manifester plus de comportements antisociaux et d’avoir une
moins bonne réussite scolaire.
Par contre, nous avons aussi noté que la plupart des études publiées
jusqu’à maintenant ont observé une gamme d’activités sédentaires très limitées –
plusieurs d’entre elles ont seulement tenu compte du temps passé devant la
télé. De nouvelles études seront nécessaires pour palier à cette lacune car il
est possible que certaines activités sédentaires soient plus néfastes que d’autres.
Par exemple, les travaux de mon collègue Jean-Philippe Chaput (2011) ont montré
que certaines activités sédentaires (ex : télé, jeux vidéo, travail
mental) peuvent entraîner une suralimentation, tandis que le sommeil a
généralement l’effet inverse.
Chez les adultes, une récente méta-analyse publiée dans la revue Journal of the American Medical Association
illustre que les gens qui passent plus de temps devant la télé sont plus à
risque de souffrir de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires
(Grontved et Hu, 2011).
De tels constats ont contribué à la création du Réseau de recherche sur
le comportement sédentaire (Sedentary
Behaviour Research Network en anglais). Les principaux objectifs du réseau
sont de faciliter les liens entre les chercheurs et les professionnels de la
santé qui sont intéressés par cette problématique et de partager les résultats
des études sur le sujet avec la communauté scientifique et le public en
général. Pour plus de détails, je vous invite à consulter le site web http://www.sedentarybehaviour.org/
Le site web contient d’ailleurs une base de données comportant des résumés de
plusieurs études sur le sujet. Pour le moment, il est possible de devenir
membre du Réseau tout à fait gratuitement.
Le transport
actif là-dedans…
Dans l’objectif de réduire le temps consacré à des activités
sédentaires, la promotion du transport actif représente une stratégie très
intéressante, car elle permet non seulement de réduire le temps passé derrière
le volant (ou comme passager d’un véhicule motorisé), mais aussi de remplacer
ce temps par une activité physique bénéfique. D’ailleurs, à moins de marcher à
une vitesse inférieure à 4 km/h, la marche constitue une activité d’intensité
moyenne (voire élevée si l’on doit transporter une charge considérable ou
grimper une côte).
Références
Chaput, J.P., Klingenberg L., Astrup, A., &
Sjödin, A.M. (2011). Modern sedentary activities promote overconsumption of
food in our current obesogenic environment. Obesity
Reviews, 12(5), 12-20.
Colley, R.C., Garriguet, D., Janssen, I., Craig, C.L.,
Clarke, J., Tremblay, M.S. (2011a). Physical
activity of Canadian children and youth: Accelerometer results from the 2007 to
2009 Canadian Health Measures Survey. Health
Reports, 22 (1).
Colley, R.C., Garriguet, D., Janssen, I., Craig, C.L.,
Clarke, J., Tremblay, M.S. (2011b). Physical activity of Canadian adults:
Accelerometer results from the 2007 to 2009 Canadian Health Measures Survey. Health Reports, 22 (1).
Grontved A., Hu, F.B. (2011). Television viewing and
risk of type 2 diabetes, cardiovascular disease, and all-cause mortality. JAMA,
305(23), 2448-2455.
Tremblay,
M.S., Colley, R.C., Saunders, T.J., Healy, G.N. & Owen, N. (2010).
Physiological and health implications of a sedentary lifestyle. Applied Physiology, Nutrition and Metabolism,
35, 725-740.
Tremblay,
M.S., LeBlanc, A.G., Kho, M., Saunders, T.J., Larouche, R., Colley, R.C.,
Goldfield, G., Connor Gorber, S. (2011). Systematic review of sedentary
behaviour and health indicators in school-aged children and youth. International Journal of Behavioral
Nutrition and Physical Activity, 8, 98 http://www.ijbnpa.org/content/pdf/1479-5868-8-98.pdf
[i] À titre indicatif, une liste d’activités avec les valeurs
correspondantes en METs est disponible à l’adresse suivante : http://download.lww.com/wolterskluwer_vitalstream_com/PermaLink/MSS/A/MSS_43_8_2011_06_13_AINSWORTH_202093_SDC1.pdf
Il faut savoir que ce n’est pas toutes les intensités possibles qui sont
représentées (par exemple, il est possible d’atteindre plus de 15,8 METs en
vélo).
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