mardi 9 novembre 2010

30 minutes d’activité physique par jour, est-ce vraiment suffisant ?

J’ai assisté vendredi dernier à une conférence du Dr. Marc Hamilton, un expert sur la physiologie de la sédentarité. C’est précisément sur cette question qu’il a débuté sa présentation, en donnant l’exemple d’une personne qui fait un entraînement de 30 minutes avant de déjeuner, conduit 45 minutes pour se rendre au bureau, travaille devant un ordinateur pendant 8 heures, conduit 45 minutes pour revenir à la maison, soupe, et regarde la télévision pendant 4 heures avant d’aller se coucher.

Ce scénario correspond, à peu de choses près, au quotidien d’une grande partie de la population. D’après les lignes directrices sur la pratique d’activités physiques en vigueur à l’heure actuelle, cette personne serait considérée comme étant active, même si elle a consacré 15 heures et 30 minutes a des activités sédentaires (si on calcule qu’elle a dormi durant 8 heures).

Durant le reste de sa conférence, il a présenté des travaux autant chez l’humain que chez le rat qui illustrent que plus une personne est sédentaire de façon prolongée, plus les lipides (les graisses) s’accumulent dans le plasma sanguin. Lorsqu’une personne n’est pas sédentaire, son plasma sanguin est généralement clair, mais après un certain temps d’inactivité, il devient de plus en plus opaque.

Un des mécanismes qui explique cette situation est une diminution de la sécrétion de lipoprotéine lipase (LPL), une enzyme qui a pour fonction de faciliter le transport des lipides vers le tissu adipeux, ou vers les muscles lorsqu’on fait de l’exercice (Bey et Hamilton, 2003). Une réduction de la concentration de LPL fait en sorte que davantage de lipides restent dans le sang (augmentant ainsi le risque de maladies cardiovasculaires) ou se dirigent vers le foie (augmentant le risque de stéatose hépatique, une maladie commune chez les alcooliques et les personnes obèses et/ou diabétiques). Or, la régulation de la sécrétion de LPL ne figure pas au nombre des très nombreux bienfaits de l’activité physique.

Contrairement à la croyance populaire, l’activité sédentaire n’est pas simplement le contraire de l’activité physique. Une personne peut être à la fois active et très sédentaire, comme l’exemple du travailleur que j’ai mentionné au début. Les recherches du Dr. Hamilton démontrent que l’activité physique et l’activité sédentaire influencent la santé par des mécanismes différents.

Cela dit, les travailleurs de bureau ne sont pas condamnés à avoir une mauvaise santé. Le simple fait d’interrompre l’activité sédentaire plus fréquemment (par exemple, aller parler à un collègue au lieu de lui envoyer un courriel, ne pas utiliser la télécommande pour changer de poste, prendre les escaliers au lieu de l’ascenseur, se lever pendant qu’on parle au téléphone, etc.) peut stimuler le métabolisme suffisamment pour neutraliser temporairement les méfaits de l’activité sédentaire (Tremblay et al, sous presse). 

Références :
Bey, L., Hamilton, M.T. (2003). Suppression of skeletal muscle lipoprotein lipase activity during physical inactivity: a molecular reason to maintain daily low-intensity activity. Journal of Physiology, 551, 673-682.
Tremblay, M.S., Colley, R.C., Saunders, T., Healy, G.N., Owen, N. (In press). Physiological and health implications of a sedentary lifestyle. Applied Physiology, Nutrition and Metabolism.

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