vendredi 8 mars 2013

Mieux vaut demeurer près de son travail !

Des chercheurs États-Uniens ont récemment évalué comment la distance entre la maison et le travail est associée à la pratique d’activité physique, la capacité cardiovasculaire, l’indice de masse corporelle (IMC), le tour de taille et différents facteurs de risque de maladies cardiaque (pression artérielle, cholestérol, glycémie). Cette étude a été effectuée auprès de 4297 adultes âgés de 18 à 90 ans, non-diabétiques, et qui n’avaient pas subi un accident vasculaire cérébral ou un infarctus du myocarde (crise de cœur) auparavant (Hoehner et al., 2012).

Il est à noter que cette étude a eu lieu dans la région de Dallas-Forth Worth au Texas, une des régions où la dépendance à l’automobile est la plus élevée aux États-Unis (pour ne pas dire au monde), où 95% des déplacements entre la maison et le travail sont effectués en voiture. C’est pour cette raison que les chercheurs se sont intéressés à la distance au lieu de comparer les adultes qui faisaient du transport actif avec ceux qui n’en faisaient pas. Cela dit, on peut raisonnablement présumer qu’en général, les rares marcheurs et cyclistes demeurent plus près de leur travail que les automobilistes.

Dans cette étude, la distance entre la maison et le travail a été évaluée objectivement à l’aide de systèmes d’information géographique. Tous les participants ont passé un test sur tapis roulant pour mesurer leur capacité cardiovasculaire.

Les analyses statistiques ont été ajustées pour une liste imposante de facteurs qui pourraient potentiellement affecter les résultats (incluant l’âge, le sexe, le niveau d’éducation, l’état matrimonial, la consommation d’alcool et de tabac, l’historique familial de diabète, d’hypertension et d’hypercholestérolémie, etc.).  Autrement dit, les chercheurs ont pris d’importantes précautions pour que les résultats qu’ils rapportent soient réellement attribuables à la distance.

Parlant des résultats, ils ont observé que plus les participants habitaient loin de leur travail, moins ils étaient actifs et en forme et plus ils avaient un indice de masse corporelle, un tour de taille et une pression artérielle élevé. Les participants demeurant loin de leur travail étaient aussi plus susceptibles d’être atteintes du syndrome métabolique – soit un regroupement de facteurs de risque associés au développement ultérieur de maladies cardiovasculaires.

Ces résultats pourraient notamment être expliqués par deux mécanismes : 1) Le fait de conduire sur une plus longue distance entraînerait une réduction des opportunités pour pratiquer des activités physiques et ainsi améliorer sa condition physique; 2) L’agglomération de Dallas-Fort Worth fait partie des 5 régions où la congestion routière est la plus élevée aux États-Unis – il est donc possible de supposer que la congestion entraîne une augmentation du stress qui, à son tour, pourrait amener une plus grande consommation de calories.

 
En bout de ligne, puisque le temps passé assis dans une voiture est une forme de comportement sédentaire, les résultats de cette étude sont cohérents avec ceux d’une plus vaste enquête qui a démontré que le comportement sédentaire est associé à la mortalité précoce, notamment de maladies cardiovasculaires (Katzmarzyk et al., 2009). Ils sont aussi cohérent avec une étude Danoise dont j’ai déjà parlé sur ce blogue (Andersen et al., 2000). Il semblerait donc que le fait de demeurer près de son travail pourrait favoriser la santé cardiovasculaire.
 
Références
 
Andersen, L.B., Schnohr, P., Schroll, M., & Hein H.O. (2000). All-cause mortality associated with physical activity during leisure time, work, sports, and cycling to work. Archives of Internal Medicine, 160, 1621-1628.
 
Hoehner CM, Barlow CE, Allen P, Schootman M. (2012). Commuting distance, cardiorespiratory fitness, and metabolic risk. American Journal of Preventive Medicine, 42 (6), 571-578.
 
Katzmarzyk PT, Church TS, Craig CL, Bouchard C. (2009). Sitting time and mortality from all causes, cardiovascular disease and cancer. Medicine & Science in Sports & Exercise, 41 (5), 998-1005.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire