jeudi 1 novembre 2012

Le transport motorisé et l’obésité en Chine

Pour faire suite au billet de la semaine passée qui portrait sur l’activité physique et le transport actif au Kenya, je discuterai du cas de la Chine aujourd’hui. Il n’y a pas si longtemps, la Chine était reconnue comme un pays où le vélo était omniprésent. Cependant, suite à la croissance économique extrêmement rapide, le vélo a été remplacé par l’automobile très rapidement (Roberts et Edwards, 2010). Il y a également eu une diminution importante au niveau du transport actif scolaire chez les jeunes (Cui et al., 2012)

Simultanément, une augmentation très rapide de la prévalence de l’embonpoint et de l’obésité y a été observée. En effet, entre 1985 et 2000, la prévalence a augmenté de 28 fois (Wu, 2006) – et non, ce n’est pas une faute de frappe. Bien que la proportion d’individus qui font de l’embonpoint ou de l’obésité demeure beaucoup plus faible que dans les pays occidentaux, ce sont désormais plus de 200 millions de Chinois qui en sont atteints.

Il s’avère d’ailleurs qu’il y a bel et bien un lien entre l’augmentation du transport motorisé et l’augmentation de la prévalence de l’obésité. Dans un article intitulé « The road to obesity or the path to prevention: motorized transportation and obesity in China », Bell et ses collègues (2002) ont observé que les adultes Chinois qui ont fait l’acquisition d’une voiture étaient 2 fois plus susceptibles de devenir obèse dans la période de suivi (soit de 1989 à 1997). Qui plus est, cette augmentation de la prévalence de l’obésité s’est produite alors que la quantité moyenne de calories consommées quotidiennement a diminuée de 2928 à 2681 chez les hommes et de 2601 à 2397 chez les femmes.

Ainsi, l’augmentation de la prévalence de l’obésité dans cette cohorte de près de 2500 participants n’est pas directement attribuable à l’alimentation, mais plutôt à une diminution de la pratique d’activités physiques. Il semblerait que les gens qui ont acheté une voiture n’ont pas remplacé l’activité physique de transport ainsi diminuée en étant plus actifs durant leurs temps libres.

Ces résultats sont inquiétants dans la mesure où le taux de motorisation augmente de façon très importante, non seulement en Chine, mais aussi dans la plupart des pays en voie de développement. Ceci pourrait entraîner une augmentation des problèmes de santé associés à l’obésité (diabète de type 2, maladies cardiaques, cancer du sein et du colon) dans des pays disposant de ressources très limitées pour les soins de santé.

Sur ce, je vous souhaite une bonne journée. Le prochain billet sera plus positif ;  il sera question du vélo à Jyväskylä en Finlande, où je suis présentement à un congrès sur la promotion de l’activité physique et des habiletés motrices.


Références

Bell AC, Ge K, Popkin BM. The road to obesity or the path to prevention: motorized transportation and obesity in China. Obesity Research. 2002;10(4):277-283.

Cui Z, Bauman A, Dibley MJ. Temporal trends and correlates of passive commuting to and from school in children from 9 provinces in China. Preventive Medicine. 2011;52(6):423-427.

Roberts I, Edwards P. The Energy Glut. London, UK : Zed Books. 2010.

Wu Y. Overweight and obesity in China. British Medical Journal. 2006;333:362-363.

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