mardi 27 novembre 2012

Jurassic Park et «Mammouth Wars»… dans un parlement près de chez vous

Si le gouvernement de Stephen Harper semble faire peu de cas des espèces en voie d’extinction, il semble – paradoxalement – apprécier les animaux préhistoriques. En effet, le projet de loi mammouth (ce n’est pas moi qui l’a baptisé ainsi, mais je trouve le vocable tout à fait approprié) qui a été adopté au printemps dernier par la majorité conservatrice viens d’être suivi par... un deuxième mammouth.

Ces lois éléphantesques de par leur longueur visent entre autres à diminuer l’ampleur du processus d’évaluation des risques environnementaux auquel les projets pétroliers et gaziers sont soumis. Rappelons également que les pétrolières sont déjà financées par l’État à la hauteur de plusieurs milliards de dollars sous forme d’exemptions d’impôts et, qu’en retour, l’État reçoit des redevances faméliques.

La première partie du titre de l’éditorial d’aujourd’hui vient donc de la réaction de Daniel Paillé, le chef du Bloc Québécois : « Vous savez, ce n’est pas un concours de mammouths. Il y a eu mammouth 1, puis mammouth 2 et, là, les partis d’opposition vont déposer des projets mammouths de modifications. Il me semble que Jurassic Park a assez duré ! » Il a raison là-dessus à mon avis, mais j'espère que les partis d'opposition iront plus loin que la simple critique cinématographique.

Quant à lui, le candidat le plus en vue dans la course à la chefferie du parti libéral, Justin Trudeau, s’est prononcé en faveur de l’entente par laquelle une entreprise étatique Chinoise prendrait le contrôle d’une pétrolière Canadienne et pourrait, par le fait même, poursuivre le gouvernement Canadien s’il mettait en place des mesures environnementales qu’elle jugerait trop sévères. Cette prise de position survient à quelques jours de la tenue d’élections partielles à Calgary. Coïncidence? Je vous laisse en juger par vous-mêmes.
 

Les invasions dinosauresques…

D’autre part, vendredi dernier, on apprenait que Pauline Marois a manifesté une ouverture à l’idée que le pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta soit transporté jusqu’à Montréal par oléoduc. Une partie serait transformé à la raffinerie de Montréal et une autre serait transportée par bateau jusqu’à la raffinerie de Lévis. Pour ce faire, il faudrait inverser le flux du vieil oléoduc reliant l’Alberta et Montréal qui, semble-t-il, n’est pas en très bon état, donc il faudrait aussi le rafistoler. Il faudrait également augmenter la pression parce que ledit oléoduc n’avait pas été conçu pour transporter du pétrole aussi visqueux. En plus, les pétrolières Albertaines voudraient en augmenter le débit à 300 000 barils par jour. Selon le principe de précaution, il faudrait qu'il y ait une évaluation rigoureuse et indépendente des risques environnementaux associés à ce projet.

Or, pour le moment, il est question que cette évaluation soit effectuée par le gouvernement fédéral, qui s’est pourtant départi de l’expertise nécessaire par l’intermédiaire du projet de loi Mammouth 1… ou du moins de ce qui restait de cette expertise qui n’est clairement pas une priorité du gouvernement qui, comme le Marchand de sables bitumineux, semble essayer d’endormir l’opinion publique.

 
Les prix fossiles

Parlant de créatures préhistoriques, c’est cette semaine que s’amorce la 18e conférence de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, qui se tient jusqu'au 7 décembre à Doha au Qatar. Cette conférence semble débuter dans l’indifférence générale suite aux échecs répétés des conférences précédentes (j’avais d’ailleurs discuté de la conférence de Durban en 2011 sur ce blogue). Je ne vais pas faire de grands pronostics sur l’issue de la conférence de cette année, mais il y a 2 choses que je vois dans ma tasse de café, malheureusement : 1) le gouvernement conservateur pourrait, encore une fois, faire obstruction aux efforts internationaux pour l’adoption d’un traité juridiquement contraignant sur les émissions de gaz à effet de serre ; 2) le Canada pourrait ajouter à sa collection déjà bien garnie de prix fossiles remis aux cancres en matière de protection de l’environnement.

 
Retour vers le présent…

En fin de compte, s’il y a un animal non-préhistorique dont les gouvernements Canadiens semblent s’inspirer dans l’élaboration de leurs politiques en matière d’environnement, c’est fort probablement l’autruche ! À moins bien sûr qu’ils voient les choses comme le député caquiste et ancien chef adéquiste Gérard Deltell – et je cite ses propos tels que rapportés par le journaliste Antoine Robitaille : «Vous me connaissez. Vous savez que je ne suis pas le genre de gars à me mettre la tête dans l'autruche»

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