Ces
lois éléphantesques de par leur longueur visent entre autres à diminuer
l’ampleur du processus d’évaluation des risques environnementaux auquel les
projets pétroliers et gaziers sont soumis. Rappelons également que les
pétrolières sont déjà financées par l’État à la hauteur de plusieurs milliards
de dollars sous forme d’exemptions d’impôts et, qu’en retour, l’État reçoit des
redevances faméliques.
La
première partie du titre de l’éditorial d’aujourd’hui vient donc de la réaction
de Daniel Paillé, le chef du Bloc Québécois : « Vous savez, ce n’est pas un concours de mammouths. Il y a eu
mammouth 1, puis mammouth 2 et, là, les partis d’opposition vont déposer des
projets mammouths de modifications. Il me semble que Jurassic Park a assez duré
! » Il a raison là-dessus à
mon avis, mais j'espère que les partis d'opposition iront plus loin que la simple critique cinématographique.
Quant à lui, le candidat le
plus en vue dans la course à la chefferie du parti libéral, Justin Trudeau,
s’est prononcé en faveur de l’entente par laquelle une entreprise étatique
Chinoise prendrait le contrôle d’une pétrolière Canadienne et pourrait, par le
fait même, poursuivre le gouvernement Canadien s’il mettait en place des
mesures environnementales qu’elle jugerait trop sévères. Cette prise de
position survient à quelques jours de la tenue d’élections partielles à Calgary.
Coïncidence? Je vous laisse en juger par vous-mêmes.
Les invasions dinosauresques…
D’autre part, vendredi
dernier, on apprenait que Pauline Marois a manifesté une ouverture à l’idée que
le pétrole issu des sables bitumineux de l’Alberta soit transporté jusqu’à
Montréal par oléoduc. Une partie serait transformé à la raffinerie de Montréal
et une autre serait transportée par bateau jusqu’à la raffinerie de Lévis. Pour
ce faire, il faudrait inverser le flux du vieil oléoduc reliant l’Alberta et
Montréal qui, semble-t-il, n’est pas en très bon état, donc il faudrait aussi
le rafistoler. Il faudrait également augmenter la pression parce que ledit
oléoduc n’avait pas été conçu pour transporter du pétrole aussi visqueux. En
plus, les pétrolières Albertaines voudraient en augmenter le débit à
300 000 barils par jour. Selon le principe de précaution, il faudrait qu'il y ait une évaluation rigoureuse et indépendente des risques environnementaux associés à ce projet.
Or, pour le moment, il est
question que cette évaluation soit effectuée par le gouvernement
fédéral, qui s’est pourtant départi de l’expertise nécessaire par
l’intermédiaire du projet de loi Mammouth 1… ou du moins de ce qui restait de
cette expertise qui n’est clairement pas une priorité du gouvernement qui,
comme le Marchand de sables bitumineux, semble essayer d’endormir l’opinion
publique.
Les prix fossiles
Parlant de créatures
préhistoriques, c’est cette semaine que s’amorce la 18e conférence de la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique, qui se
tient jusqu'au 7 décembre à Doha au Qatar. Cette conférence semble débuter dans
l’indifférence générale suite aux échecs répétés des conférences précédentes (j’avais
d’ailleurs discuté de la conférence de Durban en 2011 sur ce blogue). Je ne
vais pas faire de grands pronostics sur l’issue de la conférence de cette
année, mais il y a 2 choses que je vois dans ma tasse de café, malheureusement :
1) le gouvernement conservateur pourrait, encore une fois, faire obstruction aux
efforts internationaux pour l’adoption d’un traité juridiquement contraignant
sur les émissions de gaz à effet de serre ; 2) le Canada pourrait ajouter à sa
collection déjà bien garnie de prix fossiles remis aux cancres en matière de
protection de l’environnement.
Retour vers le présent…
En fin de compte, s’il y a
un animal non-préhistorique dont les gouvernements Canadiens semblent
s’inspirer dans l’élaboration de leurs politiques en matière d’environnement,
c’est fort probablement l’autruche ! À moins bien sûr qu’ils voient les choses comme
le député caquiste et ancien chef adéquiste Gérard Deltell – et je cite ses propos tels que rapportés
par le journaliste Antoine Robitaille : «Vous me connaissez. Vous savez que je ne suis pas le genre de gars à me mettre la
tête dans l'autruche»
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