mardi 16 octobre 2012

The Economist discute du regain de popularité du vélo aux États-Unis

Un collègue m’a envoyé hier midi le lien de cet article paru en septembre dernier dans la revue The Economist. En voyant le titre de l’article « Vive la révolution », je m’attendais à y lire un texte ridiculisant les cyclistes. Je fus donc agréablement surpris de constater qu’il s’agit plutôt d’un texte bien documenté et nuancé où les cyclistes ne sont pas assimilés au léninisme.[i]

La part du lion de l’article est consacrée à un article scientifique de John Pucher et ses collègues paru dans la revue Transportation Research en 2011. Cet article décrit l’évolution de la proportion de déplacements effectués à vélo dans 9 métropoles Nord-Américaines et les politiques qui ont été adoptées dans ces villes pour promouvoir le vélo. Cet article rapporte également que le risque de mortalité à vélo est environ 3 fois inférieur à ce qu’il était il y a une trentaine d’années[ii]. Les lecteurs assidus se rappelleront peut-être que j’avais discuté de cet article scientifique sur ce blogue.

L’article de l’Economist discute d’abord de l’augmentation de l’utilisation du vélo comme moyen de transport entre 1977 et 2009 aux États-Unis et ensuite des projets de la ville de Chicago et du succès de la ville de Portland en Oregon où la part modale du vélo a plus que quintuplé au cours des 20 dernières années. Il illustre également qu’étant donné que près de la moitié des trajets des États-Uniens sont de moins de 3 miles (ou 4,8 km), il y a un potentiel pour une augmentation plus importante.

Cependant, l’auteur ajoute que cette augmentation de la pratique du vélo s’est produite principalement chez les hommes de 25 à 64 ans (chez les caucasiens particulièrement). Effectivement, il y a eu un léger déclin chez les femmes et pas ou peu de changement chez les retraités. J’ajouterais d'ailleurs que l’États-Unien moyen fait seulement 40 km de vélo par année (soit environ 100 mètres par jour) comparativement à près de 1000 km pour le Danois moyen.

Par contre, il y a eu un déclin majeur de la proportion d’enfants et d’adolescents qui vont à l’école à pieds ou à vélo. En effet, cette proportion est passée de 40,7 à 12,9% entre 1969 et 2001 (McDonald, 2007). J’ajouterais qu’une tendance similaire a également été observée au Canada (Buliung et al., 2009), en Australie (van der Ploeg et al., 2008) et même dans certains pays en voie de développement (Chine, Brésil, Vietnam entre autres). Ainsi, cette hypothétique renaissance du vélo ne semble malheureusement pas reposer sur du solide ; pas pour le moment en tout cas.

Cela dit, l’auteur garde le meilleur pour la fin ! Il prétend, et je cite : « Une raison pour cela [le fait que les États-Uniens ne font pas autant de vélo que les Européens] est que les coûts d’utilisation de l’automobile demeurent beaucoup plus faibles en Amérique. Une autre est l’absence de restriction quant à l’utilisation de l’automobile, qui améliorerait grandement la sécurité des cyclistes.  Les Européens sont beaucoup plus ouverts aux mesures d’apaisement de la circulation, aux zones sans voitures, à la réduction du nombre d’espaces de stationnement et à l’allocation d’un espace plus restreint aux automobiles sur les routes. L’Amérique flirte peut-être avec le vélo, mais elle n’a d’aucune façon terminé son histoire d’amour avec la voiture. » (traduction libre).

En attendant le divorce de ce couple dysfonctionnel, je vous souhaite une bonne journée !


Références

Buliung RN, Mitra R, Faulkner G. Active school transportation in the Greater Toronto area, Canada: an exploration of trends in space and time (1986-2006). Preventive Medicine. 2009;48(6):507-512.

McDonald NC. Active commuting to school: trends among US schoolchildren 1969-2001. American Journal of Preventive Medicine. 2007;32(6):509-516.

Pucher J, Buehler R., Seinen M. (2011). Bicycling renaissance in North America? An update and re-appraisal of cycling trends and policies. Transportation Research Part A, 45, 451-475.

van der Ploeg HP, Merom D, Corpuz G, Bauman AE. Trends in Australian children traveling to school 1971-2003: burning petrol or carbohydrates? Preventive Medicine. 2008;46(1):60-62.



[i] Contrairement aux sophismes de Nathalie Elgrably-Lévy de l’Institut Économique de Montréal. http://www.iedm.org/fr/33602-ode-a-la-voiture
[ii] Même si certains médias préfèrent présenter le vélo comme un sport dangereux… http://cyclorevolution.blogspot.ca/2012/09/de-la-relativite-du-risque.html
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire