jeudi 15 décembre 2011

Un réseau de recherche sur la sédentarité


Les activités sédentaires sont légion dans notre société (télévision, ordinateurs, jeux vidéo, téléphones soi-disant intelligents, transport motorisé, travail de bureau, etc.). Par exemple, d’après les résultats de l’Enquête Canadienne sur les Mesures de Santé, les Canadiens accumulent, en moyenne, environ 9 heures d’activités physiques par jour (Colley et al., 2011a, b).

Jusqu’à tout récemment, le comportement sédentaire était considéré tout simplement comme l’inverse de l’activité physique. Autrement dit, les gens qui n’atteignaient pas les recommandations quant à la pratique d’activités physiques étaient considérés comme étant « sédentaires ».

Cependant, comme je l’ai indiqué dans un billet précédent, une personne peut être à la fois active (en accumulant plus de 30 minutes d’activité physique d’intensité moyenne à élevée par jour) et très sédentaire (en s’adonnant à des activités sédentaires plusieurs heures par jour). De plus, l’activité physique et le comportement sédentaire affectent la santé par des mécanismes physiologiques différents.

Ils peuvent néanmoins être représentés sur un continuum, tel qu’illustré ci-dessous, en fonction de la dépense énergétique en termes d’équivalents métaboliques (ou METs[i]). Par définition, le métabolisme de repos équivaut à 1 METs, et une activité de moins de 1,5 METs est dite « sédentaire ». Une activité de 1,5 à 3 METs est dite d’intensité faible (ex : se tenir debout). De 3 à 6 METs, on parle d’intensité moyenne (ex : la marche) tandis qu’au-delà de 6 METs on parle d’intensité élevée (ex : la course à pieds).


Figure 1. Le continuum de mouvement (Tremblay et al., 2010)


Impacts du comportement sédentaire

Plus tôt cet automne, nous avons publié une revue systématique de 232 études portant sur les impacts du comportement sédentaire auxquelles ont participé un total de 983 840 enfants et adolescents dans la revue International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity (Tremblay et al., 2011). Cet article est disponible gratuitement en cliquant ici.

Nous avons observé que les jeunes qui écoutaient la télé pendant plus de 2 heures par jour étaient plus susceptibles de faire de l’embonpoint ou d’être obèses, d’avoir une faible capacité cardiovasculaire, d’avoir une plus faible estime de soi, de manifester plus de comportements antisociaux et d’avoir une moins bonne réussite scolaire.

Par contre, nous avons aussi noté que la plupart des études publiées jusqu’à maintenant ont observé une gamme d’activités sédentaires très limitées – plusieurs d’entre elles ont seulement tenu compte du temps passé devant la télé. De nouvelles études seront nécessaires pour palier à cette lacune car il est possible que certaines activités sédentaires soient plus néfastes que d’autres. Par exemple, les travaux de mon collègue Jean-Philippe Chaput (2011) ont montré que certaines activités sédentaires (ex : télé, jeux vidéo, travail mental) peuvent entraîner une suralimentation, tandis que le sommeil a généralement l’effet inverse.

Chez les adultes, une récente méta-analyse publiée dans la revue Journal of the American Medical Association illustre que les gens qui passent plus de temps devant la télé sont plus à risque de souffrir de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires (Grontved et Hu, 2011).

De tels constats ont contribué à la création du Réseau de recherche sur le comportement sédentaire (Sedentary Behaviour Research Network en anglais). Les principaux objectifs du réseau sont de faciliter les liens entre les chercheurs et les professionnels de la santé qui sont intéressés par cette problématique et de partager les résultats des études sur le sujet avec la communauté scientifique et le public en général. Pour plus de détails, je vous invite à consulter le site web http://www.sedentarybehaviour.org/ Le site web contient d’ailleurs une base de données comportant des résumés de plusieurs études sur le sujet. Pour le moment, il est possible de devenir membre du Réseau tout à fait gratuitement.


Le transport actif là-dedans…

Dans l’objectif de réduire le temps consacré à des activités sédentaires, la promotion du transport actif représente une stratégie très intéressante, car elle permet non seulement de réduire le temps passé derrière le volant (ou comme passager d’un véhicule motorisé), mais aussi de remplacer ce temps par une activité physique bénéfique. D’ailleurs, à moins de marcher à une vitesse inférieure à 4 km/h, la marche constitue une activité d’intensité moyenne (voire élevée si l’on doit transporter une charge considérable ou grimper une côte).


Références

Chaput, J.P., Klingenberg L., Astrup, A., & Sjödin, A.M. (2011). Modern sedentary activities promote overconsumption of food in our current obesogenic environment. Obesity Reviews, 12(5), 12-20.

Colley, R.C., Garriguet, D., Janssen, I., Craig, C.L., Clarke, J., Tremblay, M.S. (2011a). Physical activity of Canadian children and youth: Accelerometer results from the 2007 to 2009 Canadian Health Measures Survey. Health Reports, 22 (1).

Colley, R.C., Garriguet, D., Janssen, I., Craig, C.L., Clarke, J., Tremblay, M.S. (2011b). Physical activity of Canadian adults: Accelerometer results from the 2007 to 2009 Canadian Health Measures Survey. Health Reports, 22 (1).

Grontved A., Hu, F.B. (2011). Television viewing and risk of type 2 diabetes, cardiovascular disease, and all-cause mortality. JAMA, 305(23), 2448-2455.

Tremblay, M.S., Colley, R.C., Saunders, T.J., Healy, G.N. & Owen, N. (2010). Physiological and health implications of a sedentary lifestyle. Applied Physiology, Nutrition and Metabolism, 35, 725-740.

Tremblay, M.S., LeBlanc, A.G., Kho, M., Saunders, T.J., Larouche, R., Colley, R.C., Goldfield, G., Connor Gorber, S. (2011). Systematic review of sedentary behaviour and health indicators in school-aged children and youth. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity, 8, 98 http://www.ijbnpa.org/content/pdf/1479-5868-8-98.pdf


[i] À titre indicatif, une liste d’activités avec les valeurs correspondantes en METs est disponible à l’adresse suivante : http://download.lww.com/wolterskluwer_vitalstream_com/PermaLink/MSS/A/MSS_43_8_2011_06_13_AINSWORTH_202093_SDC1.pdf Il faut savoir que ce n’est pas toutes les intensités possibles qui sont représentées (par exemple, il est possible d’atteindre plus de 15,8 METs en vélo).

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