lundi 26 septembre 2011

Sherbrooke veut réduire le nombre de voitures dans ses rues

Comme je l'ai indiqué sur ce blogue, le jeudi 22 septembre dernier était la Journée en ville sans ma voiture. Le centre de mobilité durable de Sherbrooke a profité de l'occasion pour annoncer que la ville a l'intention d'adopter une série de mesures pour réduire l'utilisation de la voiture en solo. Malheureusement, très peu de détails sont présentement disponibles quant au contenu de ce plan.

En tout cas, il est évident que Sherbrooke aura fort à faire pour augmenter la part modale du vélo. D'après l'enquête l'État du vélo au Québec en 2010 réalisée par Vélo Québec, Sherbrooke est en queue de peloton parmi les villes québécoises de plus de 100 000 habitants avec une part modale de 0.8% (comparativement à près de 2% pour Montréal et Gatineau). De plus, 75% des trajets à vélo y sont effectués par des hommes, ce qui est en quelque sorte un signe du manque de vitalité du vélo dans cette région (dans les pays où le vélo utilitaire est très commun, comme aux Pays-Bas et au Danemark, il n'y a pas de différence selon le sexe).

Comme plusieurs autres villes québécoises, Sherbrooke dispose de plusieurs belles pistes cyclables pour le vélo de loisir (comme par exemple le réseau des grandes fourches), mais ce qui manque, ce sont des voies cyclables spécialement conçues pour le vélo utilitaire. La présence d'un réseau cyclable utilitaire sécuritaire est particulièrement importante pour motiver les femmes à faire du vélo, celles-ci ayant une aversion du risque plus prononcée que les hommes (Garrard et al., 2008).

D'autre part, comme à Québec, la topographie de la ville est évoquée comme une des raison expliquant la rareté du vélo. À mon avis, il ne s'agit pas d'un obstacle incontournable (même que d'un autre point de vue, les côtes permettent d'améliorer plus facilement sa capacité cardiovasculaire, sans devoir s'astreindre à un entraînement par intervalles en surveillant le chronomètre). Par contre, il faudrait encourager les employeurs à offrir des douches pour les employés se déplaçant à vélo. Le mouvement Desjardins est présentement en train de développer un tel service, d'abord à son siège social, mais ils prévoient aussi l'implanter en région.

Enfin, la ville de Sherbrooke a adopté plus tôt cette année un règlement obligeant les moins de 18 ans à porter un casque de vélo. Bien que le casque peut réduire le risque de blessures à la tête, les données scientifiques provenant d'études prospectives rigoureuses sont plutôt équivoques à ce sujet. J'en ai parlé dernièrement dans mon billet intitulé "Un casque c'est bien, mais des infrastructures cyclables de qualité, c'est beaucoup mieux". Il serait important d'évaluer rigoureusement si ce règlement amène une réduction de la pratique du vélo chez les jeunes tel qu'observé en Australie. Si tel est le cas, il serait d'autant plus difficile de promouvoir le vélo lorsque ces jeunes, habitués aux déplacements motorisés, seront rendus à l'âge adulte. Ceci rejoint les propos de Roberts (1996) : "It may be unrealistic to expect the chauffeured children of today to become the ambulant adults of tomorrow".

Cela dit, il est intéressant de constater que le comité de mobilité durable de Sherbrooke ait l'intention de promouvoir les modes de transport alternatifs. Il y a d'ailleurs un potentiel puisque selon l'enquête de Vélo Québec, près de 50% des gens demeurent à moins de 5 kilomètres de leur lieu de travail, une distance qui peut être facilement parcourue à vélo.

Références

Garrard, J., Rose, G., Lo, S.J. (2008). Promoting transportation cycling for women: the role of bicycle infrastructure. Preventive Medicine, Vol.46, No.1 (January 2008), pp.55-59.

Roberts, I. (1996). Walking to school has future benefits. British Medical Journal, 312, 1229.

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