mercredi 8 juin 2011

Prévention de la maladie coronarienne : marche vs. exercice intense

Le billet d’aujourd’hui s’inscrit dans la suite logique de celui de lundi dernier Cette fois ci, je vais discuter d’une vaste étude épidémiologique publiée dans le New England Journal of Medicine dans laquelle 72 448 infirmières États-Uniennes ont accepté de remplir des questionnaires portant sur leur pratique d’activités physique (Manson et al., 1999). Dans ces questionnaires, elles devaient indiquer leur vitesse de marche habituelle (soit lente, moyenne, rapide ou très rapide).

Au début de l’étude, les participantes étaient âgées de 40 à 65 ans et elles n’avaient pas de problèmes cardiaques. Elles ont été suivies de 1986 à 1994. Durant la période de suivi, les chercheurs ont recensé 475 cas d’infarctus du myocarde non-mortels et 170 décès causés par la maladie coronarienne. Un nombre impressionnant de variables ont été contrôlés dans les analyses statistiques (soit l’âge, le tabagisme, l’indice de masse corporelle, la ménopause, l’historique familial de maladies cardiaques, l’utilisation de multivitamines et de suppléments alimentaires, la consommation d’alcool, l’historique d’hypertension artérielle, de diabète et d’hypercholestérolémie et l’utilisation d’aspirine).

Les résultats indiquent que le risque de maladie coronarienne diminue à mesure que le niveau d’activité physique augmente, autant pour la marche que pour les activités d’intensité élevée. Pour une dépense énergétique équivalente, les bienfaits de la marche étaient comparables à ceux de l’activité physique d’intensité élevée[i]. Les participantes qui accumulaient entre 1 et 3 heures de marche d’un pas « rapide » (plus de 4,8 km/h) étaient 30% moins à risque d’être atteintes de la maladie coronarienne durant la période de suivi. Chez celles qui marchaient au moins 5 heures par semaine, le risque était inférieur de 40%. Le risque était encore plus faible chez les participantes qui qui faisaient à la fois de la marche et d’autres activités physiques d’intensité élevée.

Ces résultats sont cohérents avec le concept selon lequel un peu d’exercice c’est bien, mais plus c’est mieux. Autrement dit, le simple fait d’augmenter son niveau d’activité physique entraîne des bienfaits pour la santé, mais les bienfaits sont encore plus importants lorsque la quantité d’activité physique pratiquée est plus élevée.

Un autre résultat intéressant de cette étude est que seulement 26% des participantes accumulaient au moins une heure d’activité physique d’intensité élevée par semaine tandis que 60% accumulaient au moins une heure de marche. Ces données suggèrent donc que la marche – que ce soit dans le cadre des loisirs ou du transport – est une activité qui pourrait potentiellement s’intégrer plus facilement dans les habitudes des gens qui sont présentement inactifs. Et qui sait, le fait de commencer à marcher pourrait amener une personne à développer le goût d’adopter des formes de marche plus intenses comme la randonnée en montagne et la raquette qui ont un plus grand potentiel pour améliorer la condition physique.


Référence

Manson JE, Hu FB, Rich-Edwards JW, Colditz GA, Stampfer MJ et al. A prospective study of walking as compared with vigorous exercise in the prevention of coronary heart disease in women. New England Journal of Medicine. 1999;341:650-658.


[i] L’activité physique d’intensité élevée entraîne une augmentation considérable de la fréquence cardiaque et une sensation d’essoufflement. À part pour les gens en très bonne condition physique, il est difficile de maintenir une conversation lorsqu’on fait de l’exercice à une telle intensité. En contrepartie, puisque l’intensité de la marche est généralement inférieure à celles des activités d’intensité élevée, ça prend plus de temps pour brûler un nombre de calories donné.

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