lundi 7 mars 2011

« Mourrus à Mourrial »… Comment renverser la vapeur?

Les statistiques récemment publiées par la Direction de la santé publique de Montréal sont sans équivoque : il y a un problème majeur de sécurité qui touche particulièrement les jeunes piétons et cyclistes. Plus précisément, on parle de 3771 enfants et adolescents blessés par des automobilistes durant les 10 dernières années. Bien que des accidents aient été rapportés sur tout le territoire de l’île de Montréal, le centre et l’est de la ville sont définitivement les secteurs les plus problématiques. Les raisons principales – toutes aberrantes – qui expliquent cette différence sont le trafic, la présence de plusieurs boulevards à 6 voies sans feux piétonniers et les limites de vitesse inappropriés en zones scolaires (50 km/h au lieu de 30 km/h).

Ces statistiques sont très choquantes et, en plus, elles ont un effet pervers : une diminution de la part modale du transport actif. D’après le professeur Paul Lewis, directeur du groupe de recherche Ville et mobilité, la part modale de la marche est passée de 32 à 25% de 1998 à 2003. En même temps, il y a eu une augmentation du nombre d’enfants qui se font reconduire en voiture par leurs parents, aggravant du même coup la circulation autour des écoles et augmentant le risque d’accidents des « Gaulois » qui persistent à marcher et pédaler (Jacobsen, 2003). Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudra évidemment mettre en place une intervention musclée.


Les exemples Danois et Britannique…

Cela dit, l’histoire illustre qu’il est possible de renverser cette tendance. En effet, durant les années 1970, le Danemark avait l’un des pires bilans routiers de l’Europe lorsque les autorités municipales de la ville d’Odense ont décidé de construire un vaste réseau de pistes cyclables, d’implanter des mesures de réduction du trafic et de mandater leurs 45 écoles d’identifier et corriger des problématiques associées au transport actif. Après 10 ans, le nombre d’accidents a diminué de 80% et le programme a été étendu au reste du pays (Appleyard, 2003). Aujourd’hui, la ville d’Odense est devenue la Mecque du cyclisme avec une part modale qui atteint 66% chez les adolescents ! (Andersen et al., 2009).

Durant les années 1990, l’initiative Danoise a été implantée à grande échelle au Royaume-Uni et, là aussi, son succès a été retentissant. Concrètement, le nombre de piétons et cyclistes blessés a diminué de 77% et 28% respectivement (Appleyard, 2003). Par la suite, des programmes semblables ont été développés dans plusieurs pays dont le Canada et les États-Unis. Ainsi est née l’approche Safe Routes to School

Au Québec…

Au Québec, le programme Mon école à pieds, à vélo ! chapeauté par l’organisme Vélo Québec est maintenant implanté dans 210 écoles. Suivant une approche en 6 étapes (voir http://www.velo.qc.ca/transport-actif/a_ecole/Mon-ecole-a-pied-a-velo-! pour plus de détails), ce programme vise à améliorer la sécurité des trajets scolaires afin d’augmenter la part modale du transport actif.

C’est d’ailleurs sur le programme Mon école à pieds, à vélo ! que portera l’étude principale de mon doctorat dans laquelle je suivrai une cohorte d’élèves fréquentant deux écoles situées dans la ville de Gatineau : une dans laquelle le programme sera implanté en septembre 2011 et une école témoin dans laquelle il n’y a pas de programme faisant la promotion du transport actif.


Références

Andersen LB, Lawlor DA, Cooper AR, Froberg K, Andersen SA. Physical fitness in relation to transport to school in adolescents: the Danish youth and sports study. Scand J Med Sci Sports. 2009;19:406-411.

Appleyard B. Planning Safe Routes to School. Planning. 2003;69(5):34-37.

Jacobsen PL. Safety in numbers: more walkers and bicyclists, safer walking and bicycling. Inj Prev, 9, 205-209. 2003.

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