J’avais discuté brièvement des nouvelles lignes directrices sur la pratique d’activités physiques il y a quelques semaines suite à une controverse qui a eu lieu dans les médias. Plusieurs personnes se sont offusquées parce qu’elles ont cru que les normes avaient été abaissées de 90 minutes par jour à 60 minutes par jour afin de « niveler par le bas » (étant donné qu’une très grande majorité de la population est insuffisamment active). Il s’agissait plutôt d’un problème de perception.
En fait, comme l’a souligné le Dr. Mark Tremblay, comparer les anciennes lignes directrices aux nouvelles, c’est comme comparer des pommes avec des oranges parce que la formulation est différente. Les nouveaux seuils MINIMUM recommandés sont les suivants : 60 minutes par jour d’activité physique d’intensité modérée à élevée pour les enfants et adolescents comparativement à 150 minutes par semaine pour les adultes. Cela dit, il est clairement mentionné que faire davantage d’exercice entraîne des bienfaits additionnels pour la santé et la condition physique.
Ces lignes directrices ont été lancées officiellement ce lundi et elles sont disponibles sur le site internet de la Société Canadienne de Physiologie de l’Exercice. Cette fois ci, il semble que le message a mieux passé. En général, il y avait moins de confusion dans les articles parus dans les journaux… sauf pour ce qui est de l’intensité[1] d’exercice. Par exemple, dans le Toronto Star, la journaliste affirmait : « that doesn’t mean just strolling to school ». Autrement dit, elle ne considérait pas le transport actif comme une activité physique qui peut être pratiquée à une intensité modérée à élevée.
Or, dans une revue de la littérature, Guy Faulkner et ses collègues (2009) ont observé que les jeunes qui faisaient du transport actif étaient significativement plus actifs que ceux qui se rendaient à l’école en voiture ou en autobus dans 11 des 13 études recensées (il n’y avait pas de différence entre les groupes dans les 2 autres études). Dans certains cas, les jeunes qui faisaient du transport actif accumulaient jusqu’à 30 minutes de plus d’activité physique d’intensité modérée à élevée par jour. C’est la moitié de la quantité d’activité physique recommandée dans les nouvelles lignes directrices canadiennes, qui sont désormais cohérentes avec celles de l’Organisation Mondiale de la Santé.
Dans le cadre d’une étude pilote, je demandais aux participants de parcourir la distance entre le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario et une école secondaire située à proximité (environ 1km) à pied, à vélo puis en voiture. Les participants portaient un accéléromètre sur la hanche droite pour mesurer la pratique d’activités physiques. J’ai constaté que la majorité du trajet à pied était effectué à une intensité modérée à élevée.
Pour ceux que ça intéresse, je devrais présenter ces données au prochain congrès de la Société Canadienne de Physiologie de l’Exercice qui aura lieu à Québec l’automne prochain et, le cas échéant, le résumé de ma présentation serait disponible dans la revue Applied Physiology, Nutrition and Metabolism.
Références
Faulkner GEJ, Buliung RN, Flora PK, Fusco C. Active school transport, physical activity levels and body weight of children and youth: a systematic review. Prev Med. 2009;49:3-8.
[1] L’intensité de l’activité physique se mesure de plusieurs façons différente (fréquence cardiaque, consommation d’oxygène, etc.). On peut la calculer par rapport au métabolisme de base (qui équivaut à la dépense énergétique lorsque nous sommes au repos). Lorsque la dépense énergétique est entre 3 et 6 fois le métabolisme de base, on parle d’intensité modérée. À partir de 6 fois le métabolisme de base, on parle d’intensité élevée.
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