Le
manque de stationnements pour vélos à Montréal est un sujet d’actualité. Bien
souvent, faute de support à vélo, les cyclistes n’ont d’autre choix que de
barrer leur vélo après un arbre, un poteau ou une clôture. Ce faisant, ils
risquent de se faire voler leur vélo par nulle autre que la police ! Soyez avertis :
la police ne fait pas de demi-mesures. Sans donner le moindre avertissement,
elle coupe le cadenas, ramasse le vélo et l’amène à la fourrière ! Et si le
cycliste ose réclamer son vélo, il doit payer une facture de 42$ (et des frais additionnels de 3$/jour pour
l’entreposage). Aussi
invraisemblable que cette histoire puisse paraître, elle est néanmoins vraie !
En
effet, Guillaume Primard et Emilie Nguyen ont récemment témoigné de leur
mésaventure dans les pages du quotidien Le
Devoir. M. Primard a été chanceux dans sa malchance parce qu’il a pris,
pour ainsi dire, les policiers en flagrant délit. Lorsqu’il est arrivé sur les
lieux, un agent tenait dans sa main le cadenas qu’il venait juste de scier. Par
contre, Mme Nguyen n’a pas eu cette « chance ».
Si
elle n’avait pas lu l’histoire de M. Primard dans les pages du Devoir, elle ne se serait pas informée
du sort de son vélo. Malheureusement, elle l’a su après s’être acheté un
nouveau vélo… et bien sûr, un nouveau cadenas.
Ce
ne sont probablement pas deux cas isolés. Bien souvent, les gens ne rapportent
pas le vol de leur vélo (à la police, ironie du sort) parce qu’ils croient que
les chances de le retrouver sont presque nulles.
À mon avis, cette
situation est absolument indigne d’une ville qui prétend promouvoir les
transports alternatifs.
Dans
l’arrondissement du plateau Mont-Royal, où près de 10% des déplacements sont
effectués à vélo, on dénombre seulement 1600 supports à vélos pour environ 100
000 habitants. Dans ce contexte de pénurie, comment peut-on blâmer les
cyclistes d’utiliser le mobilier urbain pour y barrer leur vélo?
L’application
zélée du règlement municipal qui stipule qu’il est interdit « d’attacher
une bicyclette ou un animal à un arbre ou à du mobilier urbain autre que celui
spécifiquement destiné à cette fin » n’encourage certainement pas l’utilisation
du vélo comme moyen de transport. Elle encourage plutôt le transport motorisé,
ce qui est une très mauvaise idée dans une ville où les artères sont les plus
congestionnées au Canada. C’est un peu comme si un médecin prescrivait à un
patient souffrant d’une maladie cardiaque de commencer à fumer !
En
passant, je ne suis pas un habitant du Plateau ou un « platonicien »,
comme dirait l’agente « matricule 728 » du service de police de la
ville de Montréal, bien connue pour ses méthodes de travail inappropriées[1].
Elle a dû se mêler avec l’illustre philosophe Platon, qui était peut-être un
« gratteux » de… cithare.
Ailleurs dans le
monde…
Cette
situation est particulièrement frustrante quand on sait que le fait d’avoir un
emplacement sécuritaire pour barrer son vélo est un facteur clé qui encourage
les gens à effectuer leurs déplacements à vélo (Heinen et al., 2010; Pucher et
Buehler, 2012).
Ainsi,
la plupart des gares comportent des stationnements sécuritaires pour les vélos
dans des pays comme le Danemark, les Pays-Bas, l’Allemagne et le Japon. Ceci
permet aux cyclistes qui demeurent trop loin de leur destination de combiner le
vélo et le transport en commun et, par le fait même, de réduire l’utilisation
de l’automobile (Pucher et Buehler, 2012).
À
certains endroits, les cyclistes peuvent barrer leur vélo dans un grand casier.
À d’autres endroits, il y a un employé dont la tâche consiste à surveiller les
vélos ; les cyclistes paient une modique somme d’argent pour ce service. Depuis
quelques années, les pays Anglo-saxons ont commencé (lentement) à offrir des
installations du genre.
Par
exemple, à l’hôpital pour enfants où je travaille, il y a un grand enclos dans
lequel on retrouve des supports à vélo où l’on peut barrer sa bécane. Cet
enclos est situé juste en face de l’urgence de l’hôpital, donc il y a
fréquemment des gens qui entrent et qui sortent, dissuadant ainsi les voleurs
potentiels. En plus, il y assez souvent une voiture de police devant l’urgence,
mais des polices sympathiques qui ne volent pas les vélos !
Références
Heinen E, Van Wee B, Maat K. Commuting by bicycle: an overview
of the literature. Transport Reviews.
2010;30(1):59-96.
[1] Les
lecteurs non-Québécois comprendront ce dont il est question à la lecture de cet
article : http://www.lapresse.ca/actualites/justice-et-affaires-criminelles/201403/21/01-4750129-matricule-728-accusee-de-voies-de-fait.php
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