Pour cette étude
longitudinale, nous avons recruté 55 élèves de la 6è année dans 4 écoles
primaire d’Ottawa au printemps 2012 et nous avons effectué un suivi suite à
leur passage en 7è année à l’automne 2012. Pour participer à l’étude, les
participants devaient changer d’école entre les 2 périodes de collecte de
données. Autrement dit, les élèves fréquentant des écoles comportant des
classes de maternelle à 8è année n’étaient pas éligibles. Ceci nous permettait
d’éviter que nos résultats soient biaisés par des différences d’âge (et/ou de
maturité physiologique) entre les participants. Au bout du compte, 48 participants ont
retourné leurs questionnaires et podomètres en 6è année et 29 en 7è année.
Il
y a quelques mois, j’ai discuté du déclin de la pratique d’activités physiques
et du pourcentage de jeunes utilisant des modes de transport actif (comme la
marche et le vélo) que nous avons observé chez ces participants suite au
passage de l’école primaire à l’école secondaire.
Dans
le cadre de cette étude, nous avons également examiné dans quelle mesure
l’environnement bâti[i]
est associé au transport actif et à la pratique d’activités physiques à chacune
des 2 périodes de collecte de données. En somme, l’environnement bâti comprend
l’ensemble des éléments de l’environnement physique construits par l’humain
(soit les bâtiments, les routes, les pistes cyclables, les parcs, etc.). À cet
égard, nous nous sommes intéressés spécifiquement à la présence d’une variété
de destinations à l’intérieur d’un rayon de 1,6 km (soit 1 mille) de la maison
et de l’école.
Nous
avons employé l’indice Walk Score® (disponible gratuitement au site http://www.walkscore.com/). Cet indice
attribue une note de 0 à 100 aux adresses insérées par l’utilisateur, et une
note plus élevée signifie qu’un plus grand nombre de destinations sont
accessible à pieds.
À
l’école primaire, seul l’environnement bâti aux alentours de l’école était
associé au transport actif. D’après nos analyses statistiques, la probabilité
d’utilisation du transport actif augmentait de 4% pour chaque point
supplémentaire sur l’indice Walk Score. L’environnement bâti n’était pas
associé à la pratique d’activités physiques telle que mesurée à l’aide de
podomètres.
À
l’école secondaire, la probabilité d’utilisation du transport actif augmentait
de 12% pour chaque point supplémentaire sur l’indice Walk Score calculé aux
alentours de la maison, et de 29% pour chaque point supplémentaire aux
alentours de l’école. De plus, les adolescents habitant dans des quartiers avec
un indice Walk Score élevé étaient considérablement plus actifs.
Nos
résultats sont cohérents avec une hypothèse formulée par des chercheurs
Australiens (Giles-Corti et al., 2009) selon laquelle l’impact de
l’environnement bâti serait plus important chez les adolescents que chez les
enfants. Toutefois, jusqu’à maintenant, aucune étude longitudinale n’avait
examiné cette question.
Le
passage à l’école secondaire pourrait être une étape charnière dans
l’acquisition de la mobilité indépendante, soit la possibilité pour les jeunes
de se déplacer sans la supervision d’un adulte (voir Hillman et al., 1990 à ce
sujet). Ainsi, la présence d’un environnement bâti favorable, où plusieurs
destinations sont accessibles à pieds ou à vélo, pourrait faciliter le
transport actif et l’activité physique davantage chez les adolescents étant
donné qu’ils sont plus autonomes dans leurs déplacements.
Cela
dit, comme il s’agit d’une étude-pilote, des études futures seront nécessaires
pour corroborer nos résultats.
Références
Giles-Corti, B., Kelty, S.F., Zubrick, S.R., &
Villanueva, K.P. (2009). Encouraging walking for transport and physical activity
in children and adolescents: how important is the built environment? Sports Medicine, 39 (12), 995-1009.
Hillman, M., Adams, J., & Whitelegg, J. (1990). One false move: A study of children’s
independent mobility. London: PSI Publishing.
Larouche,
R., Faulkner, G., Tremblay, M.S. (2013).
Associations between neighbourhood walkability, active
school transport and physical activity levels in primary and secondary school
students: a pilot-study. University of
Ottawa Journal of Medicine, 3, 42-46.
[i] Le concept d’environnement bâti est décrit de façon plus détaillée dans
ce rapport de l’Institut National de Santé Publique du Québec aux pages 21 et
suivantes : http://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1108_ImpactEnvironBati.pdf
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