Au
total, nous avons recensé 13 articles qui satisfaisaient à nos critères
d’inclusion. Douze de ces articles proviennent de l’Europe (dont 5 du Danemark)
et un de la Chine. Ainsi aucun ne provient de l’Amérique du Nord ni de
l’Australie, ce qui est probablement attribuable à la faible part modale du
vélo dans ces pays. Les cyclistes y étant si peu nombreux qu’afin d’assurer une
puissance statistique adéquate, les chercheurs combinent les cyclistes avec les
marcheurs…
L’activité physique
Parmi
ces études, 9 ont examiné la relation entre le vélo et la pratique d’activités
physiques quotidienne ; 2 études ont utilisé des questionnaires, 6 ont utilisé
des accéléromètres et 1 étude a employé à la fois un questionnaire et un
accéléromètre. Les résultats sont peu concluants pour l’instant puisque 4
études ont montré que les cyclistes étaient plus actifs et 5 n’ont observé
aucune différence significative. Il est toutefois à noter que l’étude qui a employé
à la fois un questionnaire et un accéléromètre a montré que les cyclistes
étaient plus actifs avec les deux instruments.
Certaines
hypothèses pourraient expliquer ces résultats peu concluants. Il est possible
que les jeunes qui vont à l’école à vélo « compensent » en étant
moins actif dans le reste de la journée ou que le trajet à vélo soit trop court
pour qu’il y ait une différence significative au niveau de l’activité physique.
Par contre, il est fort probable que des limites d’ordre méthodologique soient
en cause. J’ai déjà discuté sur ce blogue que les accéléromètres sous-estiment
considérablement l’activité physique associée au vélo. Quant aux
questionnaires, ils sont vulnérables aux biais de désirabilité sociale et de
rappel.
L’indice de masse corporelle
Neuf
études ont comparé l’IMC des cyclistes et non-cyclistes et les résultats sont
similaires à ceux pour l’activité physique. Dans un éditorial paru récemment
dans la revue Health Science Inquiry,
mon collègue Travis Saunders et moi-même discutons des raisons qui pourraient
potentiellement expliquer les résultats contradictoires quant à l’impact du
transport actif sur la composition corporelle (Larouche & Saunders, 2012).
Là encore, les mécanismes compensatoires et la durée du trajet sont des
hypothèses à considérer.
Il
est aussi possible que les jeunes qui vont à l’école à pied ou à vélo mangent
davantage dans le reste de la journée et/ou qu’ils proviennent de milieux
défavorisés (en Amérique du Nord, les jeunes provenant de milieux défavorisés
sont plus susceptibles de faire du transport actif et le niveau
socio-économique est également susceptible d’être associé à l’IMC). Une autre
limite de plusieurs études est que peu d’entre elles considèrent le volume
(c’est-à-dire la quantité) de transport actif. En examinant uniquement la
fréquence (le nombre de fois par semaine), les analyses statistiques sont peu
précises. Il est aussi à noter qu’aucune des 13 études recensées a utilisé une
autre mesure de la composition corporelle (ex : tour de taille, plis
adipeux, etc.).
La capacité cardiovasculaire
Par
contre, le portrait est beaucoup plus clair en ce qui a trait à l’association
entre le transport actif et la capacité cardiovasculaire : les 5 articles
recensés indiquent que les jeunes qui vont à l’école à vélo sont plus en forme.
Les différences observées dans ces études vont de 1.1 à 15.2%. Parmi ces
études, les données longitudinales de la portion Danoise de l’European Youth Heart Study dans
laquelle les jeunes ont été suivi de l’âge de 9 à 15 ans indiquent que ceux qui
ont commencé à faire du vélo durant la période de suivi et ceux qui ont
continué à le faire ont une capacité cardiovasculaire plus élevée de l’ordre de
9%.
Puisqu’une
faible capacité cardiovasculaire est un important facteur de risque de maladies
cardiovasculaire, ces résultats indiquent clairement que l’on devrait faire la
promotion du vélo utilitaire dans les écoles primaires et secondaires. Ainsi,
des initiatives comme les pédibus, les vélobus et des programmes comme Mon
école à pieds, à vélo de Vélo Québec devraient être implantés dans un plus
grand nombre d’écoles pour promouvoir la santé de nos jeunes.
Pour
améliorer la qualité des données actuelles, il faudra des études expérimentales
et quasi-expérimentales. Bien qu’aucune étude de ce genre n’ait été identifiée
dans notre recension des écrits (qui couvrait les articles parus jusqu’au mois
d’août 2011), des chercheurs Norvégiens viennent tout juste d’en publier une
dans la revue European Journal of Public
Health (Borrestad et al., 2012). Leurs résultats indiquent que les adolescents
qui ont commencé à faire du vélo pendant l’étude ont amélioré leur capacité
cardiovasculaire de façon significative, soit une hausse de 7% en seulement 12
semaines. Ces résultats corroborent nos conclusions.
D’autre
part, il m’apparaît important de préciser que les bienfaits du vélo utilitaire
pour la santé des jeunes ne se limitent pas à la capacité cardiovasculaire. En
effet, une étude longitudinale Danoise parue l’automne dernier a montré que les
adolescents qui se rendaient à l’école en vélo présentaient moins de facteurs
de risque de maladies cardiovasculaire (Andersen et al., 2011). J’en avais
justement discuté sur ce billet.
Références
Andersen LB, Weddekopp N, Kristensen PL, Moller NC, Froberg
K, Cooper AC. Cycling to school and cardiovascular risk factors: a longitudinal
study. J Phys Act Health. 2011;8:1025-1033.
Borrestad LAB, Ostergaard L, Andersen LB, Bere E. Experiences
from a randomized controlled trial on cycling to school: Does cycling increase
cardiorespiratory fitness? Eur J Public Health. 2012;40(3):245-252.
Larouche,
R., Saunders T. (2012). Can active school transport prevent overweight and
obesity in children and youth? Health
Science Inquiry, 3, 64-65.
Larouche, R., Saunders, T., Faulkner, G.E.J., Colley,
R.C., Tremblay, M.S. (sous presse). Associations
between active school transport and physical activity, body composition and
cardiovascular fitness: a systematic review of 68 studies. Journal of Physical Activity and Health.
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