
Les participants ont rapporté le
nombre d’heures qu’ils consacrent habituellement à la marche et au vélo « utilitaire[i] »
(soit pour aller au travail, à l’école ou faire les commissions) pendant une
semaine habituelle. Dans nos analyses, nous avons employé 3 catégories pour la
marche (soit moins d’une heure par semaine, 1-5 heures ou plus de 5 heures) et
3 catégories pour le vélo (pas du tout, moins d’une heure par semaine et plus
d’une heure). Les catégories sont différentes pour la marche et le vélo étant donné
que les canadiens marchent beaucoup plus qu’ils pédalent !
En effet, 94% des participants
n’utilisaient pas le vélo pour leurs déplacements. À l’inverse, près de la
moitié des participants affirmaient marcher entre 1 et 5 heures par semaine
pour leurs déplacements.
Nous avons observé que les femmes,
les participants âgés de 20 à 39 ans, ceux qui ont un moindre niveau
d’éducation, un moindre revenu annuel et ceux qui affirmaient avoir un emploi
plus exigeant physiquement rapportaient davantage de marche utilitaire. En ce
qui a trait au vélo, les hommes et les participants âgés de 20 à 39 ans en
faisaient davantage.
Le
transport actif et l’activité physique…
Les participants ont été invités à
porter un accéléromètre pendant 7 jours consécutifs pour mesurer la pratique
d’activités physique. Nos résultats indiquent que les participants qui rapportaient
davantage de transport actif étaient plus actifs physiquement. Par exemple,
comparativement à ceux qui ne faisaient pas de vélo, ceux qui en faisaient au
moins une heure par semaine accumulaient environ 16 minutes de plus d’activité
physique d’intensité moyenne à élevée par jour. Sachant que l’Organisation
mondiale de la santé (2010) recommande aux adultes d’accumuler 150 minutes d’activité
physique d’intensité moyenne à élevée par semaine, il s’agit d’une différence
considérable.
Cela dit, puisque les accéléromètres
sous-estiment l’intensité de l’activité physique associée au vélo, nous
supposons que les gens qui rapportaient davantage de vélo étaient aussi plus
actifs dans leurs temps libres.
Même si je ne m’attends pas à ce que
les lecteurs tombent de leur chaise en lisant que les adultes qui font davantage
de transport actif ont un volume d’activité physique plus élevé, c’est
important de le savoir. Certaines études ont montré que lorsque les gens
augmentent leur activité physique dans un domaine (les 4 domaines sont les
loisirs, le transport, le travail et les tâches ménagères), ils compensent
parfois en étant moins actifs dans d’autres domaines (Gomersall et al., 2013).
Par conséquent, on ne doit pas prendre pour acquis que parce que le transport
actif est une composante de l’activité physique, les gens qui font du transport
actif sont nécessairement plus actifs. Cela dit, selon nos résultats, les adultes
canadiens ne semblent clairement pas réduire leur activité physique après avoir
fait du vélo utilitaire.
Le
transport actif et la santé
Nous avons ensuite évalué la
relation entre le transport actif et des mesures objectives de plusieurs
indicateurs de santé physique. Nos analyses ont été ajustées notamment pour le
sexe, l’âge, le niveau d’éducation, le revenu et l’activité physique
occupationnelle des participants.
Nos résultats suggèrent que les
effets du vélo sont beaucoup plus importants que ceux de la marche. L’intensité
plus élevée du vélo pourrait expliquer en partie ces résultats. Nous avons
néanmoins observé que les adultes qui marchaient le plus avaient une masse
grasse inférieure (telle qu’estimée d’après la mesure des plis adipeux du
biceps, triceps, de l’omoplate, de la crête iliaque et du mollet).
Ainsi, si nos résultats pour la
marche sont plutôt modestes, ce n’est définitivement pas une raison de ne pas
continuer à marcher ! La marche peut être plus bénéfique pour la santé chez les
gens plus âgés, ceux qui ont une moindre condition physique. De plus, les
bienfaits peuvent être augmentés en marchant plus vite (Shephard, 2008). Il est
aussi à noter que dans notre étude, les participants qui rapportaient davantage
de marche ont accumulé moins d’activité physique d’intensité faible (tel que
mesuré avec l’accéléromètre). Ainsi, ils semblent avoir compensé pour la marche
en réduisant leur activité physique durant le reste de la journée. D’autre
part, nous n’avons pas évalué les effets de la marche sur la santé mentale et
sur des variables comme la congestion routière et les émissions de gaz à effet
de serre et de particules fines.
Quant au vélo, nous avons observé
que comparativement aux participants qui ne faisaient pas de vélo, ceux qui
rapportaient au moins une heure par semaine de vélo utilitaire avaient une
capacité aérobie plus élevée et ils présentaient des valeurs inférieures pour
les variables suivantes :
- l’indice de masse corporelle
- la circonférence de taille
- le ratio entre le cholestérol total et le cholestérol HDL (ce dernier étant le « bon cholestérol », donc c’est préférable que le ratio soit plus bas
- l’hémoglobine glyquée (un marqueur du contrôle de la glycémie – cette variable est plus élevée chez les diabétiques)
- la protéine C-réactive (une protéine pro-inflammatoire sécrétée entre autres par les cellules adipeuses et qui augmente le risque de maladies cardiovasculaires)
- les triglycérides sanguins (des molécules de gras qui, lorsque présentes dans le sang en trop grande quantité, contribuent à la formation de plaques d’athérosclérose qui, en diminuant la « lumière » des artères (soit le diamètre dans lequel le sang peut circuler), augmentent le risque de maladies cardiovasculaires).
Ainsi, dans l’ensemble les gens qui rapportaient
plus de vélo avaient un meilleur profil de santé cardiovasculaire. Ces
résultats sont cohérents avec d’autres études sur le sujet (Oja et al., 2011)
et avec notre étude précédente à partir des données de l’Enquête canadienne sur
les mesures de santé chez les jeunes de 12 à 19 ans (Larouche et al., 2014).
Voilà, c’est maintenant l’heure d’enfourcher
mon vélo pour retourner à la maison et ensuite aller courir quelques kilomètres avant
le souper :)
Références
Gomersall SR,
Rowlands AV, English C, et al. (2013). The ActivityStat hypothesis. Sports
Medicine. 43(2), 135-49.
Larouche, R.,
Faulkner, G., Fortier, M., Tremblay, M.S. (2014). Active transportation and adolescents’ health: the
Canadian Health Measures Survey. American
Journal of Preventive Medicine, 46(5), 507-515.
Larouche R,
Faulkner G, Tremblay MS. (2016). Active
travel and adults’ health: the 2007-2011 Canadian Health Measures Surveys. Health Reports, 27 (4), 10-18.
Oja P, Titze S, Bauman
A et al. (2011). Health benefits of cycling: a systematic review. Scandinavian
Journal of Medicine and Science in
Sports, 21(4), 496-509.
[i] Utilitaire, dans le sens où la marche et le vélo sont employés comme
un moyen d’aller quelque part et non pas seulement pour le plaisir.
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