mercredi 11 décembre 2013

Plus de cyclistes sans hausse des accidents à Montréal


N’en déplaise aux pourfendeurs du BIXI, les travaux d’une équipe de chercheurs de l’Université de Montréal et de la Direction de santé publique de Montréal illustrent que l’implantation du système de vélo en libre-service a permis d’augmenter le nombre de cyclistes à Montréal.

En effet, comme le rapportait Le Devoir la semaine dernière, le pourcentage de  résidents de l’île de Montréal qui ont utilisé un BIXI a grimpé de 8 à 11% entre 2009 et 2010 (Fuller et al., 2011). En nombre, ça correspond à une augmentation de 125 000 à 176 000 usagers. Cette étude parue dans l’American Journal of Preventive Medicine indique que les gens habitant plus près d’une station BIXI étaient plus susceptibles d’utiliser le service. Toutefois, le service était fréquemment utilisé par les touristes, les banlieusards et les habitants de l’est et de l’ouest de l’île (ou il n’y a pas de stations BIXI) dans le cadre de leurs déplacements dans les quartiers centraux.

Dans une étude ultérieure publiée dans la revue Preventive Medicine, les chercheurs ont observé que malgré cette augmentation de l’utilisation des BIXIs, le nombre de collisions et de quasi-collisions n’a pas augmenté (Fuller et al., 2013). De plus, les utilisateurs de BIXI n’étaient pas plus à risque que les gens qui utilisaient leur propre vélo.

Toutefois, la méthodologie retenue par l’équipe de recherche ne permet pas de quantifier précisément la réduction du risque d’accidents attribuable à l’augmentation de la pratique du vélo. Cela dit, une revue de la littérature indique qu’en général, lorsque le nombre de cyclistes double, le risque d’accident pour chaque cycliste diminue d’environ 32% (Jacobsen, 2003).


De multiples bienfaits pour la santé…

D’ailleurs, il serait intéressant d’examiner les impacts sur la santé de cette augmentation de la pratique du vélo à Montréal. À cet égard, dans une étude qui paraîtra en 2014, également dans l’American Journal of Preventive Medicine, nous avons évalué les bienfaits pour la santé du vélo utilitaire auprès d’un échantillon pancanadien de 1016 jeunes de 12 à 19 ans (Larouche et al., sous presse).

D’après nos analyses, les jeunes qui accumulaient au moins une heure de vélo utilitaire par semaine (soit pour se rendre à l’école, au travail, ou pour faire les commissions) étaient plus actifs physiquement et ils avaient une capacité cardiovasculaire supérieure. De plus, leur indice de masse corporelle, leur tour de taille et leur taux de cholestérol[i] étaient inférieur en comparaison avec ceux qui n’employaient pas le vélo comme moyen de transport.

Voilà quelques arguments pour encourager d’autres villes à aller de l’avant en offrant un service de vélo en libre-service !


Références

Fuller D, Gauvin D, Kestens Y, Daniel M, Fournier M, Morency P, Drouin L. Use of a new public bicycle share program in Montreal, Canada. American Journal of Preventive Medicine. 2011;41(1):80-83.

Fuller D, Gauvin D, Morency P, Kestens Y, Drouin L. The impact of implementing a public bicycle share program on the likelihood of collisions and near misses in Montreal, Canada. Preventive Medicine. 2013;57(6);920-924.

Jacobsen PL. Safety in numbers: more walkers and bicyclists, safer walking and bicycling. Injury Prevention. 2003;9:205-209.

Larouche, R., Faulkner, G., Fortier, M., Tremblay, M.S. (sous presse). Active transportation and adolescents’ health: the Canadian Health Measures Survey. American Journal of Preventive Medicine.



[i] Pour les connaisseurs, c’était le ratio entre le cholestérol total et le cholestérol HDL (le bon cholestérol) qui était significativement plus faible chez les jeunes rapportant au moins une heure de vélo par semaine.

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