mercredi 4 septembre 2013

Visite du plus grand bidonville d’Afrique

Dans le cadre de nos réunions au Kenya il y a deux semaines, nous avons discuté de la mesure des caractéristiques de l’environnement bâti[i] et de leur relation avec l’activité physique avec des chercheurs de plusieurs pays Africains. L’objectif est d’adapter un questionnaire utilisé abondamment pour la recherche dans les pays industrialisés, le Neighbouhood Environment Walkability Scale (Cerin et al., 2013; Saelens et al., 2003), au contexte Africain.

Comme l’indique mon collègue James Sallis sur son blogue, très peu d’études sur l’environnement bâti et l’activité physique ont été menées sur le continent Africain. Or, les maladies cardiovasculaires et respiratoires ainsi que les cancers sont désormais les premières causes de mortalité en Afrique (comme ailleurs dans le monde) et l’activité physique est l’un des principales causes de ces maladies.

Pour ce faire, nous avons d’abord interviewé des spécialistes en urbanisme et en planification du transport, dans le but de mieux comprendre le système de transport local et de complémenter notre expertise en activité physique. Nous avons ensuite visité le bidonville de Kibera, apparemment le plus grand du continent, pour discuter avec des citoyens des aspects favorables et défavorables à la marche dans leur quartier.

Du côté négatif, bien qu’il y ait plusieurs rues, celles-ci sont souvent inondées par les eaux usées, particulièrement dans la saison des pluies. De plus, sans être familiers avec le concept de connectivité, les gens ont mentionné qu’il fallait souvent prendre de nombreux détours pour se rendre de la maison à un endroit donné à cause des nombreuses clôtures. Ils ont également affirmé que les voleurs sont l’une de leurs principales préoccupations. Nous avons justement remarqué que plusieurs granges en métal sont verrouillées avec des cadenas qui doivent valoir presque aussi cher que la grange en tant que tel.

D’ailleurs, nous avons été particulièrement étonnés d’observer, en plein cœur du bidonville, un rare édifice à plusieurs étages appartenant à nul autre qu’aux Centers for Disease Control (CDC) – l’autorité États-Unienne en matière de santé publique.  Devant l’insalubrité évidente du quartier (voir photo ci-dessous), nous nous sommes questionnés sur le rôle de cette division outremer du CDC…



Du côté positif, les citoyens ont insisté sur la présence d’une variété de destinations accessibles à distance de marche. Nos observations sur le terrain sont en accord avec cette perception. On y retrouve entre autres de nombreux petits commerces, des écoles, des églises, une clinique médicale et un terrain de soccer (voir photo ci-dessous). Plusieurs de ces destinations sont situées dans un rayon de 500 à 1000 mètres. Le quartier est également relié au centre-ville de Nairobi par un train que nous avons aperçu à plusieurs reprises. De plus, même si la plupart des bâtiments n’ont qu’un seul étage, le quartier est étonnement dense.





Références

Cerin E, Conway TL, Cain KL, Kerr J, de Bourdeaudhuij I et al. Sharing good NEWS across the world: developing comparable scores across 12 countries for the neighborhood environment walkability scale (NEWS). International Journal of Behavioral Nutrition and Physical Activity. 2013;13:309.

Saelens BE, Sallis JF, Black JB, Chen D. Neighborhood-based differences in physical activity: an environment scale evaluation. American Journal of Public Health. 2003;93(9):1552-1558.



[i] L’environnement bâti comprend l’ensemble des infrastructures construites par l’humain, soit les bâtiments, les parcs aménagés, les écoles, les routes, etc. Voir http://www.phac-aspc.gc.ca/hp-ps/hl-mvs/be-eb-fra.php

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