mercredi 17 juillet 2013

Le transport en commun devrait-il être gratuit?

Si vous croyez que l’idée vient d’une gang de barbus socialistes, détrompez-vous ! Le magazine The Economist, plutôt à droite sur l’échiquier politique, posait récemment cette question… sans y répondre par la forme négative.

L’idée est que la collecte des tarifs requiert beaucoup de temps, ce qui ralentit considérablement les déplacements des autobus. Des ingénieurs de la New York Metropolitan Transit Authority ont récemment constaté qu’au delà du quart du temps de déplacement d’un trajet d’autobus était perdu lorsque les passagers attendaient pour entrer dans l’autobus et payer leur tarif. La lenteur des déplacements en transport en commun (qu’elle soit réelle ou perçue) est l’un des principaux facteurs pour lesquels les gens optent pour d’autres modes de transport (en particulier l’automobile).

Pendant, ce temps perdu, les autobus consomment quand même du carburant, ce qui engendre des coûts pour les compagnies de transport. Qui plus est, la collecte des tarifs n’est pas gratuite : elle équivaut à 6% du budget de la compagnie de transport New-Yorkaise par exemple.

De plus, si la gratuité des autobus pourrait augmenter leur utilisation au détriment de la voiture, il en résulterait une diminution de la congestion routière qui coûte plusieurs milliards par année. Il y aurait fort probablement une diminution de l’exposition aux gaz d’échappement qui sont une cause importante de maladies cardiorespiratoires (vous pouvez consulter gratuitement la recension des écrits de l’American Heart Association à ce sujet dans la revue Circulation).


Les exemples de Londres et Tallinn…

À l’heure actuelle, les jeunes de 12 à 18 ans peuvent emprunter les autobus gratuitement à Londres. L’agence de transport Londonienne a mis en place cette mesure pour aider les jeunes à continuer à étudier, pour augmenter leurs possibilités d’emploi, pour promouvoir l’utilisation du transport en commun. Elle espère également que les jeunes prennent l’habitude d’utiliser des modes de transport plus durables.

Des chercheurs Britanniques ont également suggéré que cette politique pourrait faciliter la mobilité indépendante des jeunes (Jones et al., 2012), c’est-à-dire leur habileté à se déplacer de façon autonome sans la supervision d’un adulte. Elle pourrait aussi leur permettre de visiter leurs amis et les membres de leur famille qui restent de l’autre côté de la ville plus facilement.

La ville de Tallinn, la capitale de l’Estonie, est allée encore plus loin en offrant le transport en commun gratuit pour l’ensemble de ses citoyens. J’en ai discuté plus tôt sur ce blogue.

…et le prix citron du mois revient à OC Transpo

La compagnie de transport de la ville d’Ottawa qui a encore augmenté le tarif du billet d’autobus de plus de 15% il y a quelques semaines… c’est presque 10 fois le taux d’inflation.


Références

Jones A, Steinbach R, Roberts H, Goodman A, Green J. Rethinking passive transport: bus fare exemptions and young people’s wellbeing. Health & Place. 2012;18:605-612.

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