mardi 26 juin 2012

Présentation au congrès Velo-city global

Après avoir parcouru 1050 kilomètres à vélo durant les 3 premières semaines de juin, me voici en direct du congrès Velo-city à Vancouver, un congrès international sur le vélo ! Je présenterai ce matin les résultats d’une revue systématique de la littérature sur les impacts du vélo en tant que mode de déplacement scolaire sur la pratique d’activités physiques, l’indice de masse corporelle (IMC) et  la capacité cardiovasculaire chez les jeunes de 5 à 18 ans. Cette présentation est tirée d’une plus vaste recension des écrits sur les impacts du transport actif qui est présentement sous presse dans la revue Journal of Physical Activity and Health (Larouche et al., sous presse) de laquelle nous avons extrait toutes les études où le vélo a été examiné séparément des autres modes de transport actif.

Au total, nous avons recensé 13 articles qui satisfaisaient à nos critères d’inclusion. Douze de ces articles proviennent de l’Europe (dont 5 du Danemark) et un de la Chine. Ainsi aucun ne provient de l’Amérique du Nord ni de l’Australie, ce qui est probablement attribuable à la faible part modale du vélo dans ces pays. Les cyclistes y étant si peu nombreux qu’afin d’assurer une puissance statistique adéquate, les chercheurs combinent les cyclistes avec les marcheurs…


L’activité physique

Parmi ces études, 9 ont examiné la relation entre le vélo et la pratique d’activités physiques quotidienne ; 2 études ont utilisé des questionnaires, 6 ont utilisé des accéléromètres et 1 étude a employé à la fois un questionnaire et un accéléromètre. Les résultats sont peu concluants pour l’instant puisque 4 études ont montré que les cyclistes étaient plus actifs et 5 n’ont observé aucune différence significative. Il est toutefois à noter que l’étude qui a employé à la fois un questionnaire et un accéléromètre a montré que les cyclistes étaient plus actifs avec les deux instruments.

Certaines hypothèses pourraient expliquer ces résultats peu concluants. Il est possible que les jeunes qui vont à l’école à vélo « compensent » en étant moins actif dans le reste de la journée ou que le trajet à vélo soit trop court pour qu’il y ait une différence significative au niveau de l’activité physique. Par contre, il est fort probable que des limites d’ordre méthodologique soient en cause. J’ai déjà discuté sur ce blogue que les accéléromètres sous-estiment considérablement l’activité physique associée au vélo. Quant aux questionnaires, ils sont vulnérables aux biais de désirabilité sociale et de rappel.


L’indice de masse corporelle

Neuf études ont comparé l’IMC des cyclistes et non-cyclistes et les résultats sont similaires à ceux pour l’activité physique. Dans un éditorial paru récemment dans la revue Health Science Inquiry, mon collègue Travis Saunders et moi-même discutons des raisons qui pourraient potentiellement expliquer les résultats contradictoires quant à l’impact du transport actif sur la composition corporelle (Larouche & Saunders, 2012). Là encore, les mécanismes compensatoires et la durée du trajet sont des hypothèses à considérer.

Il est aussi possible que les jeunes qui vont à l’école à pied ou à vélo mangent davantage dans le reste de la journée et/ou qu’ils proviennent de milieux défavorisés (en Amérique du Nord, les jeunes provenant de milieux défavorisés sont plus susceptibles de faire du transport actif et le niveau socio-économique est également susceptible d’être associé à l’IMC). Une autre limite de plusieurs études est que peu d’entre elles considèrent le volume (c’est-à-dire la quantité) de transport actif. En examinant uniquement la fréquence (le nombre de fois par semaine), les analyses statistiques sont peu précises. Il est aussi à noter qu’aucune des 13 études recensées a utilisé une autre mesure de la composition corporelle (ex : tour de taille, plis adipeux, etc.).  


La capacité cardiovasculaire

Par contre, le portrait est beaucoup plus clair en ce qui a trait à l’association entre le transport actif et la capacité cardiovasculaire : les 5 articles recensés indiquent que les jeunes qui vont à l’école à vélo sont plus en forme. Les différences observées dans ces études vont de 1.1 à 15.2%. Parmi ces études, les données longitudinales de la portion Danoise de l’European Youth Heart Study dans laquelle les jeunes ont été suivi de l’âge de 9 à 15 ans indiquent que ceux qui ont commencé à faire du vélo durant la période de suivi et ceux qui ont continué à le faire ont une capacité cardiovasculaire plus élevée de l’ordre de 9%.

Puisqu’une faible capacité cardiovasculaire est un important facteur de risque de maladies cardiovasculaire, ces résultats indiquent clairement que l’on devrait faire la promotion du vélo utilitaire dans les écoles primaires et secondaires. Ainsi, des initiatives comme les pédibus, les vélobus et des programmes comme Mon école à pieds, à vélo de Vélo Québec devraient être implantés dans un plus grand nombre d’écoles pour promouvoir la santé de nos jeunes.

Pour améliorer la qualité des données actuelles, il faudra des études expérimentales et quasi-expérimentales. Bien qu’aucune étude de ce genre n’ait été identifiée dans notre recension des écrits (qui couvrait les articles parus jusqu’au mois d’août 2011), des chercheurs Norvégiens viennent tout juste d’en publier une dans la revue European Journal of Public Health (Borrestad et al., 2012). Leurs résultats indiquent que les adolescents qui ont commencé à faire du vélo pendant l’étude ont amélioré leur capacité cardiovasculaire de façon significative, soit une hausse de 7% en seulement 12 semaines. Ces résultats corroborent nos conclusions.

D’autre part, il m’apparaît important de préciser que les bienfaits du vélo utilitaire pour la santé des jeunes ne se limitent pas à la capacité cardiovasculaire. En effet, une étude longitudinale Danoise parue l’automne dernier a montré que les adolescents qui se rendaient à l’école en vélo présentaient moins de facteurs de risque de maladies cardiovasculaire (Andersen et al., 2011). J’en avais justement discuté sur ce billet.


Références

Andersen LB, Weddekopp N, Kristensen PL, Moller NC, Froberg K, Cooper AC. Cycling to school and cardiovascular risk factors: a longitudinal study. J Phys Act Health. 2011;8:1025-1033.

Borrestad LAB, Ostergaard L, Andersen LB, Bere E. Experiences from a randomized controlled trial on cycling to school: Does cycling increase cardiorespiratory fitness? Eur J Public Health. 2012;40(3):245-252.

Larouche, R., Saunders T. (2012). Can active school transport prevent overweight and obesity in children and youth? Health Science Inquiry, 3, 64-65.

Larouche, R., Saunders, T., Faulkner, G.E.J., Colley, R.C., Tremblay, M.S. (sous presse). Associations between active school transport and physical activity, body composition and cardiovascular fitness: a systematic review of 68 studies. Journal of Physical Activity and Health.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire