dimanche 10 juin 2012

Journée des parcs nationaux du Québec : profitez-en !


En ce dimanche 10 juin, c’est la journée des parcs nationaux au Québec.  Pour souligner l’évènement, différentes activités sont prévues dans les 23 parcs nationaux et l'accès aux parcs est gratuit aujourd'hui. Cliquez ici pour plus de détails sur ces activités.

C’est l’occasion d’en profiter parce que depuis l’an dernier, le gouvernement libéral semble avoir décidé de transformer les parcs nationaux en « vache à lait » pour aller récupérer l’argent qu’il a lui-même gaspillé en accordant des baisses d’impôts aux mieux nantis[i]. Ainsi, les tarifs d’entrée sont passés de 3,50$ par personne en 2010 à 6$ cette année (une augmentation de 71,4% en 2 ans; inutile de préciser que cette hausse est nettement supérieure au taux d’inflation). Ces frais augmenteront à 8,50$ en 2016.

Je crois que cette augmentation radicale des frais d’accès aux parcs nationaux est néfaste à plusieurs égards, dont notamment l’activité physique et le développement d’une relation avec la nature chez les jeunes. Chez les mieux nantis, les nouveaux tarifs n’auront probablement pas d’impact sur la fréquentation des parcs, mais je crois que la situation sera toute autre pour les nombreuses familles qui tirent le diable par la queue.


L’activité physique

Comme je l’ai mentionné plus tôt cette semaine, le Bulletin annuel sur la pratique d’activités physiques desjeunes Canadiens indique encore une fois que les jeunes sont extrêmement inactifs. Les jeunes du Québec ne font pas mieux que ceux des autres provinces à cet égard ; même qu’ils accumulent légèrement moins de pas par jour, quoique cette différence n’est pas significative au plan statistique. Le Bulletin illustre également qu’environ la moitié des jeunes consacrent moins de 3 heures par semaine au jeu actif.

Or, la plupart des activités que l’on peut faire dans les parcs nationaux sont des activités physiques : randonnée, canot, kayak, vélo, ski de fond, raquette, nage, et j’en passe. Les opportunités de faire du jeu actif y sont également nombreuses, notamment sur les plages et autour des terrains de camping. Dans cette perspective, promouvoir les parcs nationaux pourrait représenter une façon de promouvoir l’activité physique.


La relation avec la nature

Dans son livre intitulé Last child in the woods, l’auteur États-Unien Richard Louv explique le rôle essentiel de la nature pour le développement physique et émotionnel de l’enfant. Il prétend que la santé et le bien-être des jeunes est inséparable de celle de la Terre. Or, pour développer cette relation privilégiée avec la nature, il faut y être exposé en bas âge. Malheureusement, de nombreux jeunes n’ont pas cette chance parce qu’ils sont surprotégés.

Dans un article paru dans la revue Environmental Education Research, Karen Malone (2007) utilise le terme « bubble-wrapped generation » pour décrire les jeunes d’aujourd’hui. Ce n’est certainement pas un qualificatif approprié pour TOUS les jeunes, mais il est clair que la plupart d’entre eux passent très peu de temps à jouer dehors. Au cours des dernières générations, il y a eu une diminution marquée de la mobilité indépendante (c’est-à-dire du rayon dans lequel les jeunes sont autorisés à jouer et à se déplacer de façon autonome, sans être supervisés par des adultes) chez les jeunes, comme l’indiquaient déjà Mayer Hillman et ses collègues en 1990.

La situation est loin de s’être améliorée depuis la publication de leur rapport. C’est pourtant ce genre de jeu non-supervisé et non-organisé dans la nature qui permet aux jeunes de développer leur débrouillardise (et plusieurs autres habiletés). Hélas, plusieurs jeunes n’ont pas l’autorisation d’explorer la nature de façon autonome, à un point tel que Richard Louv en vient à conclure qu’ils sont atteints du « nature-deficit disorder » (que l’on pourrait traduire comme un syndrome d’un accès insuffisant à la nature).

De par leur mission qui consiste à protéger des écosystèmes fragile et des espèces menacées, les parcs nationaux représentent des endroits privilégiés pour permettre aux jeunes de développer leur relation avec la nature.


Le saccage de la nature…

Peut-être qu’en bout de ligne, ça ferait l’affaire du gouvernement qu’une génération de jeunes ne bâtirait pas cette relation privilégiée avec la nature ; ainsi, ces jeunes seraient peut-être mois susceptibles de s’opposer au saccage de la nature pour l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Comment s’opposer à la destruction de quelque chose que l’on ignore?

Sur ce, je m’en vais au parc national de Plaisance. Une belle randonnée à vélo de 140 kilomètres en perspective (100 km de transport actif pour me rendre au parc et 40 km de sentiers). Bonne journée J


Références

Hillman M, Adams J, Whitelegg J. One false move… a study of children’s independent mobility. London, UK, Policy Studies Institute. 1990.

Louv R. Last child in the woods: saving our children from nature-deficit disorder. Chapel Hill, NC: Algonquin Books. 2008.

Malone K. The bubble-wrapped generation: children growing up in walled gardens. Environmental Education Research. 2007;13(4):513-527.


[i] L’augmentation des frais d’accès aux parcs nationaux fait partie des nombreuses hausses de tarifs régressives que le gouvernement libéral a récemment adopté (contribution santé, hausse des frais de scolarité, augmentation des tarifs d’électricité pour construire un barrage inutile sur la rivière Romaine, etc.)

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