mardi 11 octobre 2011

Campagne de dénigrement du vélo : notre contre-attaque !

Je vous ai récemment parlé d'une campagne de marketing social créé par la Motor Accident Commission du sud de l'Australie (l'équivalent de la SAAQ au Québec) qui, soi-disant pour tenter d'inciter les jeunes à conduire de façon sécuritaire, dénigre le vélo de façon on ne peut plus évidente. Vous rappelez-vous de l'image ci-contre? Même si plusieurs personnes se sont plaintes - et avec raison - du contenu de cette publicité qui n'a pratiquement rien à voir avec la conduite sécuritaire d'une voiture, l'agence gouvernementale fait l'autruche en s'obstinant à ne pas reconnaître que sa publicité dénigre le vélo. (désolé d'insulter les autruches soit dit en passant...)

Je vous ai également mentionné que j'ai soumis une lettre à l'éditeur de la revue Australian and New Zealand Journal of Public Health avec ma collègue Rebecca Abbott de l'Université du Queensland. J'ai le plaisir de vous annoncer que notre lettre a été acceptée sans aucune modification par la plus importante revue de santé publique Australienne. En alertant les autorités en matière de santé publique, nous espérons que les décideurs exigerons le retrait de cette publicité dans les plus brefs délais. Bien entendu, le processus de publication prendra un certain temps, ce qui ne m'empêche pas de discuter des principaux points que nous avons soulevés (Larouche et Abbott, sous presse).

Dans notre lettre, nous incitons d'emblée sur les nombreux bienfaits du vélo utilitaire (augmentation de la pratique d'activités physiques, de la capacité cardiovasculaire et de l'espérance de vie, diminution du risque de maladies cardiovasculaire, diminution du taux de cholestérol, etc.).

Dans un deuxième temps, nous reconnaissons que le vélo comporte également certains risques, principalement le risque d'accidents et l'inhalation de la pollution émise par les véhicules motorisés. Nous indiquons cependant que les études qui ont simultanément évalué les bienfaits et les risques illustrent que les bienfaits l'emportent largement.

Troisièmement, nous mentionnons que les cyclistes peuvent souvent diminuer leur exposition aux principaux polluants en optant pour les chemins les moins fréquentés (particulièrement les pistes cyclables en site propre). Ces mêmes chemins peuvent également réduire le risque d'accidents graves - un impact à 30 km/h n'a pas les mêmes conséquences qu'un impact à 60 ou 80 km/h.

Finalement, nous mettons l'emphase sur un paradoxe que la Motor Accident Commission ne semble pas reconnaître. Lorsque le nombre de cycliste diminue, le risque d'accident pour chaque cyclistes augmente. C'est en quelque sorte le corrolaire du principe de sécurité du nombre dont j'ai discuté dans un billet précédent. Les chercheurs anglophones utilisent le terme risk in scarcity (que l'on pourrait traduire par le risque dans la rareté) pour faire référence à ce phénomène (voir Tin Tin, 2011). Or, la raison d'être de la Motor Accident Commission est... d'accoître la sécurité routière ! Dans mon livre à moi, on appelle ça se tirer dans le pied !


Références

Larouche, R., Abbott, R.A. The promotion of car driving safety behaviours should not stigmatize cycling as an alternative mode of transportation. Australian and New Zealand Journal of Public Health. In press.

Tin Tin S, Woodward A, Thornley S, Ameratunga S. (2011). Regional variations in pedal cyclist injuries in New Zealand: Safety in numbers or risk in scarcity? Australian and New Zealand Journal of Public Health, 35 (4), 357-363.

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