mardi 21 septembre 2010

"Small is beautiful"

Tel est le titre d’un livre écrit par l’économiste Ernst Friedrich Schumacher il y a une trentaine d’années dont le thème principal est la simplicité volontaire. Cette philosophie invite les citoyens à une profonde réflexion sur leurs besoins afin de mieux distinguer les vrais et les faux besoins. Autrement dit, l’objectif de la simplicité volontaire est de se départir des nombreux faux besoins qui sont créés par la société de consommation dans laquelle nous vivons. Ce n’est donc pas un synonyme de l’ascétisme (que le Petit Robert défini comme une discipline volontaire du corps et de l'esprit cherchant à tendre vers une perfection, par une forme de renoncement ou d'abnégation), contrairement à ce que les publicitaires prétendent.

Au Québec, le concept de simplicité volontaire a été popularisé notamment par Serge Mongeau qui a publié quelques livres sur le sujet (voir références). Il a mis un terme à sa carrière de médecin, s’est départi de sa voiture et a déménagé de Montréal à l’Île d’Orléans afin de devenir écrivain, conférencier et éditeur chez Écosociété.

De toute évidence, la majorité des gens ne sont pas prêts à faire des changements aussi dramatiques, mais ça ne veut pourtant pas dire qu’ils ne peuvent rien faire pour améliorer la situation. Il existe de nombreux petits gestes qui peuvent paraître anodins, mais qui en s’additionnant peuvent faire une différence réelle. Les livres de Serge Mongeau regorgent de trucs intéressants qui peuvent nous permettre d’économiser du temps, de l’argent et d’améliorer notre santé.

Hélas, il est bien entendu dans l’intérêt des publicitaires de discréditer la simplicité volontaire afin de nous vendre toujours plus de gadgets et autres cochonneries. Si « small is beautiful » est caractéristique de la simplicité volontaire, l’expression « think big » (ou think big, hostie comme dirait Elvis Gratton…) est sans cesse répétée sous diverses formes par la publicité.

Dans le secteur des transports, « think big » signifie évidemment construire davantage de stationnements, de nouvelles routes et élargir les routes existantes. Plusieurs gens croient qu’il s’agit de la meilleure solution au problème des embouteillages. Or cette stratégie stimule plutôt un cercle vicieux : 1) de nouvelles routes sont construites; 2) les nouvelles routes motivent les gens à délaisser le transport en commun et le covoiturage; 3) la diminution de la part modale du transport collectif entraîne une hausse du nombre de véhicules sur les routes; 4) petit à petit, on se retrouve avec les mêmes embouteillages.

Ce phénomène est connu sous le nom de trafic induit. Todd Litman de l’institut des politiques de transport de Victoria (Colombie-Britannique) a publié une synthèse de la littérature sur le sujet qui est disponible en anglais à l'adresse http://www.vtpi.org/gentraf.pdf. J’ai trouvé dans ce texte une citation percutante qui sera le mot de la fin pour aujourd’hui :
« Élargir les routes pour réduire la congestion, c'est comme essayer de résoudre le problème de l'obésité en desserrant sa ceinture. »


Références :
Schumacher, E.F. (1973). Small is beautiful: a study of economics as if people mattered. London: Blond & Briggs.

Mongeau, S. La simplicité volontaire, plus que jamais… Montréal : Écosociété

Mongeau, S. (1994). Moi, ma santé. De la dépendance à l’autonomie. Montréal : Écosociété

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