Détrompez-vous, malgré le froid qui semble
ne pas vouloir laisser place au printemps (du moins dans le nord-est de
l’Amérique), nous sommes bel et bien rendus au mois de mai… le mois
international du vélo-boulot. Des concours sont organisés dans plusieurs villes
à travers le monde pour promouvoir le vélo. C’est le cas par exemple à Ottawa.
La
sécurité à vélo…
Si le beau temps se fait très discret
présentement, on ne peut pas en dire autant du thème de la sécurité à vélo.
Malheureusement, une cycliste est décédée ce lundi à Montréal. Elle s’est fait
frapper par derrière par un camion alors qu’elle circulait avec un vélo BIXI
sous un viaduc. Comme dans bien des cas, le service de police de la ville de
Montréal (SPVM) a conclu qu’il s’agissait d’un « accident ».
Or, une simple visualisation de la scène
(de cet « accident » qui n’a rien d’accidentel dans la mesure où il
était facilement prévisible) à l’aide de Google
Street View illustre un problème tout à fait évident. Vous pouvez regarder
par vous-mêmes l’endroit exact auquel je fais référence en copiant cet
hyperlien dans votre navigateur internet : https://www.google.ca/maps/@45.53041,-73.597221,3a,75y,124.57h,81.6t/data=!3m4!1e1!3m2!1sORSiONSEx_pYS9gT0-UeOg!2e0
Comme vous pouvez le constater, au moment
où les usagers de la route doivent descendre sous le viaduc, la chaussée
devient plus étroite. Ceci fait en sorte que les cyclistes et automobilistes
entrent en compétition pour un espace restreint, augmentant du même coup le
risque de collision. Ce problème est tellement évident que c’en est enrageant[i]
!
Comme le maire de l’arrondissement de
Rosemont, François Croteau, je suis d’avis qu’un « accommodement raisonnable » dans un tel contexte serait de permettre aux cyclistes
d’utiliser le trottoir pour traverser ce viaduc (et les autres viaducs semblables
– il y en aurait au moins 5 autres à Montréal).
Hélas, l’année dernière, dans leur excès de zèle ciblant les cyclistes, des agents du SPVM se cachaient sous les viaducs
pour distribuer des contraventions aux cyclistes ! À mon avis, le code de la
route devrait être révisé afin de permettre aux cyclistes d’emprunter les
trottoirs là où les infrastructures sont dangereuses. S’il y a des piétons, ils
devraient descendre de leur vélo si l’espace est trop restreint, ou ralentir
s’il y a suffisamment d’espace pour assurer une cohabitation harmonieuse.
Toutefois, s’il n’y a pas de piétons, je ne vois aucune raison pour laquelle
ils devraient être tenus de descendre de leur vélo. Il me semble qu’il
s’agirait d’une solution pragmatique, en attendant que les infrastructures
soient modifiées de façon à en améliorer la sécurité.
D’ailleurs, la ville d’Helsinki en Finlande
est un endroit où j’ai constaté en personne que le partage des trottoirs entre
piétons et cyclistes peut se faire de façon harmonieuse. J’ai marché environ 20
km par jour lors de mon séjour à Helsinki. Au centre-ville, les trottoirs sont
très larges et, généralement, une section est réservée aux piétons et l’autre
section aux cyclistes, avec une démarcation claire entre les deux comme sur la photo
ci-dessous. Cela dit, j’ai aussi remarqué qu’en général, les Finlandais sont
beaucoup plus courtois que les Québécois et les Ontariens dans leurs
déplacements…
Retour
sur notre panel de discussion de mardi
Comme je vous l’avais annoncé la semaine
dernière, nous avons organisé un panel de discussion sur le thème de la sécurité à vélo ce mardi. Nos quatre panélistes invités ont présenté des points de vue
très variés sur le sujet. L’évènement a été très apprécié par le public qui a
encouragé la ville d’Ottawa à être moins frileuse dans le développement de ses
infrastructures cyclables.
La question du port du casque a été abordée
par le Dr. Michael Vassilyadi, neurochirurgien à l’Hôpital pour enfants de l’est
de l’Ontario. Il a discuté de l’effet protecteur du casque (lorsqu’il est porté
adéquatement) et de son expérience dans le traitement des blessures à la tête. Tout
en insistant sur le rôle important du casque dans la prévention des blessures,
il a reconnu que d’autres mesures sont nécessaires pour diminuer le risque de
collisions routières.
La discussion avec le public a porté davantage
sur le besoin d’améliorer la connexité du réseau cyclable au lieu de se
contenter de peinturer des bandes cyclables ici et là. Le directeur exécutif de
l’organisme à but non-lucratif 8-80 cities, Gil Penalosa, a présenté ce concept
en employant l’expression #minimum grid,
autrement dit, le réseau minimal pour permettre aux cyclistes de rejoindre les
destinations où ils vont (travail, école, arrêt d’autobus, café, etc.) de façon
sécuritaire. Cette idée a plu au conseiller municipal David Chernushenko qui a
présenté un extrait de son documentaire Bike
City, Great City qui illustre entre autres comment des infrastructures
cyclables de qualité permettent d’améliorer la sécurité et d’encourager plus de
gens à faire du vélo.
Quant à lui, le Dr. Patrick Morency de la
Direction de santé publique de Montréal a rappelé l’importance des mesures d’apaisement
de la circulation. En réduisant la vitesse des véhicules, il est possible de
minimiser considérablement les risques de blessures majeures autant chez les
cyclistes, les piétons et les automobilistes. Il a présenté ses travaux de
recherches dans lesquels il a cartographié les accidents majeurs impliquant des
piétons et cyclistes sur le territoire de la ville de Montréal. Une conclusion
incontournable de ses travaux est que la plupart des accidents ont lieu sur les
grandes artères où il y a davantage de trafic et où les limites de vitesse sont
plus élevées.
Avant les présentations des panélistes,
j’ai fait une brève présentation sur les bienfaits du vélo et le rapport entre
les bienfaits et les risques. En effet, même si la sécurité à vélo constitue à
juste titre un sujet d’actualité, il importe de se rappeler que le vélo est
associé à de nombreux bienfaits pour la santé, l’environnement et l’économie.
De plus, les études qui ont simultanément quantifié les bienfaits et les
risques du vélo sont arrivées à une même conclusion : les bienfaits sont
largement supérieurs aux risques, soit de 10 à 77 fois.
D’où l’idée de promouvoir le vélo, et pas
seulement au mois de mai !
[i] Tout comme les déclarations sophistes du nouveau ministre des
transports du Québec qui prétend que le vélo d’hiver est une mauvaise idée.
S’il y a quelques jours de verglas où les conditions sont exécrables, la
plupart des journées de l’hiver sont propices au vélo, et ça aussi les
Finlandais l’ont compris… bref, j’encourage le ministre à prendre des vacances
à Oulu l’hiver prochain !
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