En ce début d’année, nombreux sont ceux qui prennent
des résolutions, par exemple, mieux s’alimenter, cesser de fumer ou faire plus
d’activité physique. En tant que chercheur dans le domaine de l’activité
physique, je remarque à chaque année une augmentation importante de
l’achalandage au gymnase où je m’entraîne. Si ces résolutions sont fondées sur
de bonnes intentions, il n’en demeure pas moins qu’elles sont peu durables.
Année après année, je remarque une baisse de l’achalandage dès la fin janvier.
Lorsque questionnés sur les raisons pour lesquelles
ils sont inactifs, les gens rapportent de nombreuses raisons. Cependant, c’est généralement
le manque de temps qui est évoqué le plus fréquemment, autant chez les jeunes
(Sallis et al., 2000) que chez les adultes (Trost et al., 2002). Bien souvent,
le manque de temps est une perception, et non une réalité objective.
La quantité d’activité physique recommandée par l’Organisation Mondiale de la Santé (et
plusieurs organisations nationales de santé publique) est de 150 minutes par
semaine chez les adultes et de 60 minutes par jour chez les enfants et
adolescents. Ceci correspond à seulement 1,39% du temps chez les adultes et
4,17% chez les enfants et les adolescents.
En réalité, lorsque les gens affirment manquer de
temps, cette perception peut refléter autre chose. Il est plus plausible qu’ils
n’aiment pas certains types d’activité physique, et/ou que l’activité physique
figure très loin dans leur liste de priorités. Ils peuvent également avoir
l’impression qu’il est difficile d’intégrer l’activité physique à leur mode de
vie, et donc douter de leur capacité à être actifs. Lorsque les gens
considèrent qu’une activité n’est pas prioritaire ou qu’ils ont peu confiance
en leurs habiletés, cette activité est davantage susceptible d’être repoussée
aux calendes grecques (Ajzen, 1991).
« La nécessité
est mère de l’invention »…
Il est possible que certaines activités
puissent être plus faciles à intégrer à son mode de vie. Par exemple, la
plupart des gens doivent se déplacer régulièrement pour aller à l’école, au
travail et à une variété d’autres destinations. Plusieurs de ces déplacements
peuvent être faits en utilisant des modes de transport actif comme la marche et
le vélo (ne serait-ce que pour une partie du trajet s’il est trop long).
À force d’utiliser le transport actif
pour les courts trajets quotidiens, il peut se créer une habitude – autrement
dit, on ne se pose plus la question à savoir quel mode de transport utiliser
pour aller à un endroit donné. Lorsqu’une habitude est bien ancrée, il est de
plus en plus facile de la maintenir.
Évidemment, ça peut fonctionner dans
les deux sens : lorsqu’on est habitué de faire un déplacement en voiture,
on ne se pose plus la question… Toutefois, là ou le transport actif se
distingue de d’autres types d’activité physique, c’est qu’il y a (la plupart du
temps) une nécessité de se
déplacer pour aller étudier, travailler ou faire l’épicerie par exemple. À
l’opposé, il n’y a pas vraiment une nécessité d’aller soulever des poids et
haltères ou de courir sur le tapis roulant.
Cette nécessité de se déplacer pourrait
faire en sorte que l’utilisation du transport actif soit un comportement plus
durable que l’abonnement à une salle d’entraînement. Pour le moment, très peu
de chercheurs ont examiné cette question.
Le transport actif et l’activité physique
Toutefois, un nombre croissant d’études
indiquent que les gens qui font du transport actif sont plus actifs
physiquement. Nous avons justement effectué une revue systématique de la
littérature sur le sujet. Cet article vient de paraître dans la revue Journal of Physical Activity and Health
(Larouche et al., 2014).
Dans cette étude, nous avons recensé 68
études qui ont évalué la relation entre le transport actif scolaire et l’une
des 3 variables suivantes chez les jeunes de 5 à 17 ans : l’activité
physique, la composition corporelle (i.e. indice de masse corporelle, tour de taille, etc.) et la
capacité cardiovasculaire. Au total, ces études incluent des données sur plus
de 100 000 participants.
L’activité physique quotidienne a été
mesurée dans 49 de ces études. Quarante d’entre elles ont observé que les
jeunes qui faisaient du transport actif accumulaient davantage d’activité
physique que ceux qui allaient à l’école en voiture ou en autobus. De plus,
nous avons recensé trois études expérimentales qui montrent un lien de
causalité entre le transport actif et l’activité physique. Dans les trois cas,
la mise en place de pédibus a entraîné une augmentation du pourcentage de
jeunes utilisant le transport actif qui s’est traduit par une augmentation de
la pratique d’activité physique.
Bien que la relation entre le transport actif et la composition corporelle demeure incertaine, l’utilisation du vélo comme mode de transport peut
contribuer à améliorer la capacité cardiovasculaire. En effet, toutes les
études sur le sujet que nous avons recensées ont noté que les jeunes qui
allaient à l’école à vélo avaient une capacité cardiovasculaire supérieure.
Entre autre, une étude Danoise a montré que les jeunes qui ont commencé à aller
à l’école à vélo au cours d’une période de suivi de 6 ans avaient une capacité
cardiovasculaire 9% plus élevée.
Pour ce qui est de la marche, il semble
qu’il ne s’agit pas d’une activité physique suffisamment intense pour améliorer
la capacité cardiovasculaire chez les jeunes. Toutefois, chez les personnes
plus âgées, la marche peut atteindre une intensité suffisante pour améliorer la
condition physique (Shephard, 2008).
Finalement, il est à noter que notre revue de la
littérature pourrait sous-estimer les effets du transport actif parce que nous
avons examiné seulement les trajets entre la maison et l’école. Jusqu’à
maintenant, très peu d’études sur le transport actif des jeunes ont considéré d’autres
destinations comme par exemple, les parcs, les magasins, les installations
sportives, la maison d’un ami ou d’un membre de la famille, etc.
Références
Ajzen I. The theory of planned behavior. Organizational behavior and human decision
processes. 1991;50(2):179-211.
Larouche R, Saunders T, Faulkner GEJ, Colley RC,
Tremblay MS. Associations between
active school transport and physical activity, body composition and
cardiovascular fitness: a systematic review of 68 studies. Journal of Physical Activity and
Health. 2014;11(1):206-227.
Organisation Mondiale de la
Santé (OMS 2010). Global
recommendations on physical activity for health.
Genève: OMS.
Sallis JF, Prochaska JJ, Taylor WC. A review of
correlates of physical activity of children and adolescents. Medicine & Science in Sports &
Exercise. 2000;32(5):963-975.
Shephard RJ. Is active commuting the answer to
population health? Sports Medicine.
2008;38(9):751-758.
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