Depuis
quelques semaines, le service de police de Montréal[i]
mènent une campagne d’arrestation massive contre les cyclistes et piétons qui
ne respectent pas certains éléments du code la route. Interviewé par Le Devoir, le maire de l’arrondissement de Rosemont,
François Croteau (comme d'autres interlocuteurs d'ailleurs), s’est dit opposé à cette « répression systématique »
(sic) contre les cyclistes, d’autant plus qu’il souligne que le service de
police ne scrute pas les comportements des automobilistes avec un tel zèle.
Dans le but
de ramener le gros bon sens à l’ordre du jour, Vélo Québec a publié un
communiqué de presse invitant le service de police à faire preuve de
discernement dans son application du code de la route. Certains règlements sont
archaïques avec la technologie d’aujourd’hui (ex : les réflecteurs sur les
pédales) tandis que d’autres peuvent être tout simplement dangereux. En effet,
il y a des endroits (des chantiers de construction, des ponts et des viaducs
par exemple) ou il n’est pas sécuritaire de rouler sur la route et que, par
conséquent, plusieurs cyclistes préféreront rouler sur le trottoir. Pour moi,
tant qu’ils le font en accordant la priorité aux piétons, ça devrait être
autorisé.
Quant au
règlement sur les panneaux d’arrêt, le code de la route devrait à mon avis être
réformé pour adopter la loi de l’Idaho dont j’ai discuté sur ce blogue. Brièvement,
cette loi adoptée dans les années 1980 fait en sorte que les cyclistes peuvent
traiter les panneaux d’arrêt comme des « cédez » et les feux rouges
comme des arrêts. L’adoption d’un tel règlement permettrait de rendre le
comportement des cyclistes plus prévisible pour les automobilistes, ce qui
pourrait réduire le risque d’accident.
Deux poids, deux mesures…
Il est
particulièrement frappant de constater que le montant de la contravention pour
ne pas avoir de réflecteurs sur les pédales (37$) est supérieur à celui qu’un
automobiliste qui frappe un cycliste en ouvrant sa porte sans avoir regardé
derrière reçoit (30$). Ceci n’a absolument aucun sens ! Surtout que les
réflecteurs sur les pédales ne servent à rien le jour tandis que, la noirceur
venue, c’est davantage les lumières à l’avant et à l’arrière du vélo qui vont
faire en sorte qu’un cycliste sera vu par les automobilistes.
Il y a une
loi physique élémentaire dont les services de police devraient tenir compte
dans leurs interventions : E = mv2; ou E représente l’énergie
cinétique lors d’une collision, m la masse du véhicule et des son (ses)
occupant(s), et v la vitesse. Ainsi, à vitesse égale, la force d’impact d’une
voiture de 1000 kilos est 100 fois plus grande que celle d’un vélo de 10 kilos.
De plus, la masse est multipliée par la vitesse au carré, et en général, les
voitures vont beaucoup plus vite que les vélos...
Considérant
cette loi physique, les services de police devraient porter davantage attention
aux comportements dangereux des automobilistes (excès de vitesse, cellulaire au
volant, alcool et drogue, ne pas donner la priorité aux piétons et cyclistes
aux endroits désignés, etc.) qui mettent en danger la vie d’autrui. Quant à eux
les comportements à risque des piétons et cyclistes mettent rarement la vie d’autrui
en danger, car leur énergie cinétique est incommensurable avec celle des
voitures… Voilà une nuance importante dont il faudrait tenir compte dans l’application
du code de la route.
[i] D’autre part, je tiens à
préciser que mes commentaires s’adressent au service de police, et non aux
policiers qui exécutent ce que leurs superviseurs leur ont demandé de faire. Dans ce cas ci, les ordres qui viennent d’en haut semblent déconnectés de la
réalité.
Voir également les commentaires de François Cardinal dans les pages de la Presse à ce sujet: http://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/francois-cardinal/201306/28/01-4666078-trappes-a-cyclistes.php
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