En
ce dimanche 10 juin, c’est la journée des parcs nationaux au Québec. Pour souligner l’évènement, différentes
activités sont prévues dans les 23 parcs nationaux et l'accès aux parcs est gratuit aujourd'hui. Cliquez ici pour plus de
détails sur ces activités.
C’est
l’occasion d’en profiter parce que depuis l’an dernier, le gouvernement libéral
semble avoir décidé de transformer les parcs nationaux en « vache à lait »
pour aller récupérer l’argent qu’il a lui-même gaspillé en accordant des
baisses d’impôts aux mieux nantis[i].
Ainsi, les tarifs d’entrée sont passés de 3,50$ par personne en 2010 à 6$ cette
année (une augmentation de 71,4% en 2 ans; inutile de préciser que cette hausse
est nettement supérieure au taux d’inflation). Ces frais augmenteront à 8,50$
en 2016.
Je
crois que cette augmentation radicale des frais d’accès aux parcs nationaux est
néfaste à plusieurs égards, dont notamment l’activité physique et le
développement d’une relation avec la nature chez les jeunes. Chez les mieux
nantis, les nouveaux tarifs n’auront probablement pas d’impact sur la
fréquentation des parcs, mais je crois que la situation sera toute autre pour
les nombreuses familles qui tirent le diable par la queue.
L’activité physique
Comme
je l’ai mentionné plus tôt cette semaine, le Bulletin annuel sur la pratique d’activités physiques desjeunes Canadiens indique encore une fois que les jeunes sont
extrêmement inactifs. Les jeunes du Québec ne font pas mieux que ceux des
autres provinces à cet égard ; même qu’ils accumulent légèrement moins de pas
par jour, quoique cette différence n’est pas significative au plan statistique.
Le Bulletin illustre également qu’environ la moitié des jeunes consacrent moins
de 3 heures par semaine au jeu actif.
Or,
la plupart des activités que l’on peut faire dans les parcs nationaux sont des
activités physiques : randonnée, canot, kayak, vélo, ski de fond,
raquette, nage, et j’en passe. Les opportunités de faire du jeu actif y sont
également nombreuses, notamment sur les plages et autour des terrains de
camping. Dans cette perspective, promouvoir les parcs nationaux pourrait
représenter une façon de promouvoir l’activité physique.
La relation avec la nature
Dans
son livre intitulé Last child in the
woods, l’auteur États-Unien Richard Louv explique le rôle essentiel de la
nature pour le développement physique et émotionnel de l’enfant. Il prétend que
la santé et le bien-être des jeunes est inséparable de celle de la Terre. Or,
pour développer cette relation privilégiée avec la nature, il faut y être
exposé en bas âge. Malheureusement, de nombreux jeunes n’ont pas cette chance
parce qu’ils sont surprotégés.
Dans
un article paru dans la revue Environmental
Education Research, Karen Malone (2007) utilise le terme « bubble-wrapped generation » pour décrire
les jeunes d’aujourd’hui. Ce n’est certainement pas un qualificatif approprié
pour TOUS les jeunes, mais il est clair que la plupart d’entre eux passent très
peu de temps à jouer dehors. Au cours des dernières générations, il y a eu une
diminution marquée de la mobilité indépendante (c’est-à-dire du rayon dans
lequel les jeunes sont autorisés à jouer et à se déplacer de façon autonome,
sans être supervisés par des adultes) chez les jeunes, comme l’indiquaient déjà
Mayer Hillman et ses collègues en 1990.
La
situation est loin de s’être améliorée depuis la publication de leur rapport. C’est
pourtant ce genre de jeu non-supervisé et non-organisé dans la nature qui
permet aux jeunes de développer leur débrouillardise (et plusieurs autres
habiletés). Hélas, plusieurs jeunes n’ont pas l’autorisation d’explorer la
nature de façon autonome, à un point tel que Richard Louv en vient à conclure
qu’ils sont atteints du « nature-deficit
disorder » (que l’on pourrait traduire comme un syndrome d’un accès
insuffisant à la nature).
De
par leur mission qui consiste à protéger des écosystèmes fragile et des espèces
menacées, les parcs nationaux représentent des endroits privilégiés pour
permettre aux jeunes de développer leur relation avec la nature.
Le saccage de la nature…
Peut-être
qu’en bout de ligne, ça ferait l’affaire du gouvernement qu’une génération de
jeunes ne bâtirait pas cette relation privilégiée avec la nature ; ainsi, ces
jeunes seraient peut-être mois susceptibles de s’opposer au saccage de la
nature pour l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste. Comment s’opposer à
la destruction de quelque chose que l’on ignore?
Sur
ce, je m’en vais au parc national de Plaisance. Une belle randonnée à vélo de
140 kilomètres en perspective (100 km de transport actif pour me rendre au parc
et 40 km de sentiers). Bonne journée J
Références
Hillman M, Adams J, Whitelegg J. One false move… a
study of children’s independent mobility. London, UK, Policy Studies Institute.
1990.
Louv R. Last child in the woods: saving our children
from nature-deficit disorder. Chapel Hill, NC: Algonquin Books. 2008.
Malone K. The bubble-wrapped generation: children
growing up in walled gardens. Environmental
Education Research. 2007;13(4):513-527.
[i] L’augmentation
des frais d’accès aux parcs nationaux fait partie des nombreuses hausses de
tarifs régressives que le gouvernement libéral a récemment
adopté (contribution santé, hausse des frais de scolarité, augmentation
des tarifs d’électricité pour construire un barrage inutile sur la rivière
Romaine, etc.)
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