Bien
que le nombre de cyclistes décédés suite à un accident routier ait diminué au
Québec en 2011 (et ce malgré une légère hausse du nombre de cyclistes au cours
des dernières années), il reste encore beaucoup de chemin à faire pour rejoindre les pays d’Europe du Nord au niveau
de la sécurité routière.
Beaucoup de chemin à faire…
Parlant
d’accidents de la route, les lecteurs Québécois ont probablement entendu parler
de la tragédie de Rougemont en Montérégie qui a eu lieu en mai 2010. Un
conducteur endormi au volant sur la route 112 avait frappé 6 cyclistes
entraînant la mort de 3 femmes. Les conclusions du rapport du coroner ont été
rendues publiques hier matin dans La Presse. Selon le coroner, l’automobiliste s’était
bel et bien endormi.
Or,
à ma connaissance, aucune accusation n’a été portée contre le conducteur. Il me
semble pourtant qu’une personne qui s’endort au volant d’une camionnette et qui
est ensuite impliquée dans un accident devrait être accusée de négligence
criminelle (ayant causé la mort dans ce cas particulier). Ce serait certainement
le cas si l’accident en question avait eu lieu aux Pays-Bas, là où les
automobilistes impliqués dans une collision routière ont le fardeau de prouver qu’ils
n’ont pas agi de façon négligente.
Hélas,
au Québec, comme aux États-Unis[i],
ce sont souvent les victimes qui sont blâmées par les tribunaux. De plus,
lorsque les médias rapportent des accidents impliquant un (ou des) cycliste(s),
les articles se terminent souvent par une phrase comme « le cycliste ne portait pas de casque ».
L’ajout d’une telle phrase en conclusion sous-entend pratiquement que le cycliste
fut l’artisan de son propre malheur. Pourtant l’énergie cinétique du véhicule
motorisé impliqué dans la collision est, sans l’ombre d’un doute, le principal
facteur déterminant de la gravité de la blessure.
Justement,
le coroner a souligné à grands traits que les cyclistes roulaient en peloton à
deux files, ce qui contrevient apparemment au code de la sécurité routière[ii].
Même aux États-Unis – qui ne sont pas reconnus pour leur avant-gardisme en
matière de cyclisme – certains états autorisent les cyclistes à circuler en
peloton à deux files. Il serait peut-être temps de moderniser le code de la
route en autorisant cette pratique, dans la mesure où il est possible pour les
automobilistes de contourner les cyclistes de façon sécuritaire.
Ceci pourrait contribuer à changer la norme
sociale ; autrement dit, à faire en sorte que le vélo soit perçu comme un mode
de transport légitime, et non seulement comme un loisir. Il faudra de nombreux
évènements comme le Tour du silence pour changer les mentalités…
[i] Aux États-Unis, l’avocat Bob Mionske, spécialiste des causes impliquant des cyclistes, illustre cette tendance de façon éloquente sur son blogue: http://bicycling.com/blogs/roadrights/
[ii] D’ailleurs,
si tel est le cas, de nombreux clubs cyclistes ne connaissent pas ce règlement
car il est monnaie courante d’observer des pelotons doubles.
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