jeudi 28 novembre 2013

Est-il possible d’augmenter la proportion d’individus qui utilisent le transport actif?

La semaine dernière, j’ai enseigné un cours sur le transport actif chez les jeunes à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Une question qui m’a été posée (et qui revient souvent d’ailleurs) est la suivante : est-il possible d’augmenter la proportion d’individus qui utilisent le transport actif?

D’une part, de nombreuses études ont montré un déclin marqué du transport actif chez les jeunes au cours des dernières décennies, autant dans des pays industrialisés comme l’Australie, le Canada, les États-Unis et la Suisse que dans des pays en développement comme le Brésil, la Chine et le Vietnam. Qui plus est, comme j’ai discuté sur ce blogue il y a quelques mois, même des pays Africains adoptent de plus en plus le mode de vie Nord-Américain.

Dans ce contexte, promouvoir le transport actif peut sembler mission impossible. Or, il existe de nombreux exemples qui illustrent qu’il est possible de renverser la vapeur, notamment en ce qui a trait au vélo.

D’abord, plusieurs personnes assument que la part modale[i] du vélo a toujours été élevée dans des pays comme le Danemark, les Pays-Bas et l’Allemagne. En réalité, il y a eu une grosse diminution du vélo entre la deuxième guerre mondiale et le début des années 1970. Par contre, le développement de politiques et infrastructures pour promouvoir le vélo a permis d’augmenter considérablement son utilisation au cours des décennies suivantes (Pucher et Buehler, 2008). Aujourd’hui les habitants d’Amsterdam et Copenhague font près de 40% de leurs déplacements à vélo.

Un autre cas digne de mention est celui de Séville en Espagne. En 2005, la part modale du vélo n’était que de 0,5% (soit près de 3 fois moins que la moyenne Canadienne). Or, en l’espace de 3 ans, les autorités municipales ont construit plus de 130 km de voies cyclables séparées physiquement du trafic et développé un système de vélos en libre-service. Sept ans plus tard, la part modale du vélo dépassait 7%.

Même au royaume de la voiture (l’Amérique du Nord), la part modale du vélo a plus que doublé dans certaines métropoles entre 1990 et 2010 dont Chicago, Minneapolis, Montréal, New York, Portland, San Francisco, Toronto, Vancouver et Washington (Pucher et al., 2011). C’est Portland qui remporte la palme avec une augmentation de 1,1% à 5,8% durant cette période. Cela dit, la « transformation extrême » de Times Square (voir photo ci-dessous) est un exemple particulièrement inspirant pour de nombreuses juridictions. Ce n’est donc pas seulement en Europe que le vélo peut être un mode de transport viable…



Malgré tout, il y a encore beaucoup de travail à faire pour changer les mentalités parce qu’il y a encore de nombreuses villes Nord-Américaines ou la part modale du vélo stagne aux alentours de 0,1%.


Références

Pucher, J., & Buehler, R. (2008). Making cycling irresistible: Lessons from the Netherlands, Denmark and Germany. Transport Reviews, 28 (4), 495-528.

Pucher R, Buehler R, Seinen M. Bicycling renaissance in North America? An update and re-appraisal of cycling trends and policies. Transportation Research Part A. 2011;45:451-475.


[i] C’est-à-dire la proportion des déplacements effectués à vélo

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