Cependant, s’il est une chose que je n’ai pas apprécié, c’est le paternalisme dont font preuve certaines autorités régionales en obligeant les jeunes de moins de 12 ans de circuler avec un adulte sur les parcours cyclables. Sur la photo ci-dessous, prise à Saint-Augustin en banlieue de Québec, on voit un accotement asphalté sur une route tranquille avec une limite de vitesse de 50 km/h et la fameuse pancarte dont il est question dans ce billet. J’ai ensuite vu cette pancarte à maintes reprises sur la Véloroute des bleuets, une des voies cyclables les plus connues et fréquentées au Québec.
Je ne sais pas dans quelle mesure ces règlements sont appliqués, mais il
me semble que les policiers ont des lois beaucoup plus importantes à faire
respecter dont notamment les limites de vitesse. On sait que le principal
facteur qui détermine la gravité des conséquences d’une collision entre un
cycliste et un véhicule motorisé est la vitesse de ce dernier. Le danger
augmente de façon exponentielle avec la vitesse du (ou des) véhicules
motorisés. Or, il est extrêmement commun de voir les automobilistes – et pire
encore, les camionneurs – circuler à plus de 20 km/h au-delà de la limite
permise sans se faire arrêter.
Ce phénomène est loin d’être exclusif au Québec. Par exemple, dans une
étude de cas portant sur la mort d’une fille de 10 ans qui a été frappée par
une voiture lorsqu’elle traversait la rue en Nouvelle-Zélande, Roberts et ses
collègues (1994) ont observé méticuleusement la vitesse des véhicules sur la
rue en question. Leurs résultats indiquent que la probabilité que
l’automobiliste ne dépassait pas la limite permise est de seulement 14%. Pourtant,
comme dans bien des cas, seule la jeune fille a été blâmée pour avoir été
l’artisane de son propre malheur. C’est sans parler des automobilistes
négligents qui conduisent en parlant au téléphone cellulaire, en envoyant des
textos, en se maquillant ou en somnolant.
La mobilité
indépendante
Par contre, ce qui me déçoit le plus dans ce règlement, c’est qu’il
décourage le développement de la mobilité indépendante chez les jeunes. Le
concept de mobilité indépendante réfère à la capacité d’un enfant de se
déplacer sans être supervisé par un adulte pour aller vers certaines
destinations (ex : école, parc, terrain de jeu, maison d’un ami, etc.). La
mobilité indépendante peut également être exprimée en termes de distance ; par
exemple, le rayon dans lequel un enfant peut circuler de façon autonome.
La mobilité indépendante permet à l’enfant de développer son autonomie
et sa capacité d’orientation et possiblement même son estime de soi en le
rendant moins dépendant de papa-taxi et maman-taxi. Malheureusement, la
mobilité indépendante des jeunes a diminué considérablement au cours des
dernières décennies (Hillman et al., 2001).
Cependant, la mobilité indépendante est associée au transport actif et à
la pratique d’activités physiques qui, quant à eux, sont associés à de nombreux
bienfaits pour la santé (Larouche, 2012; Page et al., 2009). Pour ces raisons,
je trouve déplorable qu’il soit INTERDIT aux jeunes de moins de 12 ans de
circuler sur les voies CYCLABLES sans la supervision d’un adulte. Il me semble
que l’effet dissuasif de cette interdiction (qui est probablement difficile à
quantifier faute de données précises) est néfaste.
Il me semble que dans la mesure où l’enfant démontre une compréhension
adéquate des règles de la circulation, il pourrait circuler seul en vélo (ou à
pieds). Plusieurs adultes circulent à vélo dans le mauvais sens de la route ou
sur le trottoir (là ou ce n’est pas permis), donc je ne crois pas que l’âge de
12 ans représente un seuil magique en matière de compréhension des règles de la
circulation.
Références
Hillman M, Adams J, Whitelegg J. One false move… A
study of children’s independent mobility. London, Policy Studies Institute.
2001.
Larouche, R. (2012). The
environmental and population health benefits of active transport: A review. In
G. Liu (Ed.) Greenhouse Gases –
Emissions, Measurement and Management, pp. 313-340. InTech: Rijeka, Croatia.
http://cdn.intechopen.com/pdfs/32358/InTech-The_environmental_and_population_health_benefits_of_active_transport_a_review.pdf
Page
AS, Cooper AR, Griew P, Davis L, Hillsdon M. Independent mobility in relation
to weekday and weekend physical activity in children aged 10-11 years: the
PEACH project. International Journal of Behavioral Nutrition and Physical
Activity. http://www.ijbnpa.org/content/pdf/1479-5868-6-2.pdf
Roberts
I, Coggan C. Blaming children for child pedestrian injuries. Social Science and
Medicine. 1994;38:749-753.
[1] Fartlek est un mot Suédois qui signifie « jeu de vitesse » ; ainsi le fartlek est un type d’entraînement ou l’on alterne des périodes d’effort intense avec des périodes de récupération en fonction des éléments externes (topographie, vent, etc.)
[1] Fartlek est un mot Suédois qui signifie « jeu de vitesse » ; ainsi le fartlek est un type d’entraînement ou l’on alterne des périodes d’effort intense avec des périodes de récupération en fonction des éléments externes (topographie, vent, etc.)
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